Selon une récente publication d’Oxfam international, la situation dans certains pays de la sous-région est très préoccupante. 11 millions d’indigents devront s’ajouter aux 27 qui souffraient déjà de la faim. Si rien n’est fait, le nombre de personnes vivant dans l’extrême précarité, devrait s’accroître d’ici juin prochain. En tout cas, c’est la sonnette d’alarme que tire à nouveau l’organisation humanitaire internationale.
Il s’agirait, selon Oxfam, « d’un nouveau cap historique et d’une augmentation de plus d’un tiers par rapport à 2021 ». L’ONG fait remarquer que les crises alimentaires augmentent depuis une décennie dans certains pays de l’Afrique de l’ouest comme le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Mali et le Nigéria. « Entre 2015 et 2022, le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire d’urgence a presque quadruplé, passant de 7 à 27 millions de personnes », indique-t-elle.
« La production céréalière a chuté d’environ un tiers à certains endroits du Sahel, par rapport à l’année dernière. Les réserves de nourriture des familles touchent à leur fin. La sécheresse, les inondations, les conflits et les impacts économiques de la Covid-19 ont forcé des millions de personnes à quitter leurs terres, les poussant au bord du gouffre », fait part Assalama Dawalack Sidi, Directrice régionale d’Oxfam en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Cette situation est due aux conflits qui ont porté un grand coup à la production vivrière. A cela s’est ajouté la sécheresse, les mariages précoces, les violences basées sur le genre, les aléas climatiques obligeant les familles à vendre leurs actifs. Elle va s’aggraver avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
En effet des bailleurs annoncent déjà « qu’ils pourraient procéder à des coupes dans leurs financements en direction de l’Afrique ». Comme le Danemark qui a fait part de son intention de reporter « une partie de son aide bilatérale au développement destinée au Burkina Faso (50 % en 2022) et au Mali (40 % en 2022) plutôt que de financer avec des nouveaux fonds l’accueil des personnes qui ont fui leur foyer en Ukraine ».
« Il ne doit pas y avoir de concurrence entre les crises humanitaires », interpelle Mamadou Diop, représentant régional d’Action Contre la Faim. Tout en rappelant que « que la crise au Sahel est l’une des pires crises humanitaires à l’échelle globale et, en même temps, l’une des moins financées », il craint « qu’en réorientant les budgets humanitaires vers la crise ukrainienne, nous risquons d’aggraver dangereusement une crise pour répondre à une autre ».
Cette nouvelle alerte de l’Oxfam est donnée par onze organisations internationales réagissant aux nouvelles analyses du Cadre harmonisé de mars 2022. C’était à la veille de la conférence virtuelle de l’Union européenne et du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest sur la crise alimentaire et nutritionnelle au Sahel et au lac Tchad. Elles exhortent « les gouvernements et les bailleurs à ne pas réitérer les manquements de l’année 2021, où seulement 48 % du plan de réponse humanitaire en Afrique de l’Ouest a été financé ».