Au Niger, le dernier rapport de monitoring de protection du Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (UNHCR) sur la situation sécuritaire dans les régions de Tillabéry et de Tahoua a révélé que des groupes armés non-étatiques font des extorsions de biens auprès des populations sous le couvert de la « zakât ».
Selon ce rapport, 108 incidents ont été collectés au cours du monitoring de protection du mois de juillet 2020 dont 27 incidents dans la région de Tillabéri et 81 incidents dans la région de Tahoua. « Lesdits incidents ont fait 268 victimes parmi lesquelles on compte 110 pour la région de Tillabéri et 58 pour la région de Tahoua », renseigne le rapport.
Le même rapport indique que deux principaux types de violations des droits ont été enregistrés au cours du mois. Il s’agit des violations du droit à la vie et à l’intégrité physique à travers les agressions physiques, les menaces, les incursions/attaques et les assassinats/meurtres (soit 58 % des incidents) ; et des violations du droit à la propriété à travers les vols et pillages ainsi que les extorsions des biens sous couverts de la « zakât » (soit 42 % des incidents).
A titre d’exemple, le rapport cite plusieurs cas de prélèvement forcé de la « zakât » par les terroristes. « 400 moutons et chèvres et plus de 50 vaches ont été volés par des GANE (groupes armés non-étatiques – NDLR) à Intazayene, département de Tillia, le jeudi 16 juillet 2020 très tôt le matin. Les cas de violences/agressions physiques ont été aussi plus nombreux qu’au mois de juin passé : 46 cas de violences/agressions physiques perpétrées en grande partie sur des personnes qui n’ont pas pu payer la zakât », peut-on lire dans le rapport.
La « zakât » est le troisième des piliers de l’islam. C’est une « aumône légale » que le musulman est tenu de calculer chaque année lunaire pour le donner « aux miséreux, aux pauvres, à ceux qui travaillent au service de la zakât, aux nouveaux convertis dont le cœur est à raffermir, aux endettés qui ne peuvent pas s’acquitter de leurs dettes, aux combattants bénévoles et au voyageur qui n’a pas ce qui lui permet d’atteindre sa destination ». Selon plusieurs imams, elle ne saurait être prélevée de force.