Dans la soirée du samedi 11 juillet 2020, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé l’abrogation des décrets de nomination des juges de la Cour constitutionnelle. Cette annonce intervient dans un texte sociopolitique tendu marqué par une série d’arrestation des leaders du mouvement de contestation du régime Kéïta.
Le remplacement des membres de la Cour constitutionnelle malienne était l’une des principales revendications du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). La Cour est accusée d’avoir tripatouillé les résultats des dernières élections législatives. « J’ai décidé d’abroger les décrets de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de la CEDEAO », a déclaré le président Keïta.
Selon le chef de l’Etat, cette dissolution de fait de la Cour va conduire, dès la semaine prochaine, à la désignation de nouveaux membres pour que, rapidement, une Cour reconstituée aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives. D’après les revendications, les contentieux nés des législatives concernent une trentaine de circonscription électorale. Les manifestants réclament l’invalidation pure et simple des résultats dans ces circonscriptions.
Une série d’arrestation à Bamako
Les annonces du Président Ibrahim Boubacar Kéïta interviennent dans un contexte où la police et l’armée sont fortement mobilisées pour quadriller la capitale malienne, Bamako. Selon les informations qui nous sont parvenues de sources locales, une soixantaine de membres du Mouvement du 5 juin ont été mis aux arrêts dans la nuit du 10 au 11 juillet 2020. « Au lendemain de la grande manifestation du 10 juillet, les forces de l’ordre ont encerclé le siège de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mamoud Dicko », nous apprend un journaliste malien.
Selon ce même journaliste, parmi les leaders interpellés, il y a Issa Kaou Djim, coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Dicko ; Clément Dembélé, président de la Plateforme contre la corruption et le chômage au Mali ; et l’Imam Oumarou Diarra qui a assuré la grande prière de vendredi 10 juillet 2020 au monument de l’indépendance, la grande prière qui a très vite laissé place à aux manifestations.