Les Nations unies et les ONG lancent un cri d’alerte: le cumul des crises risque de dévaster le Sahel

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Siège des Nations unies
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A travers un communiqué, les agences humanitaires des Nations unies et les organisations non gouvernementales ont lancé un cri d’alerte le 14 mai dernier au sujet de la détérioration rapide de la crise du Sahel, entrainant des besoins humanitaires à travers la région à des niveaux sans précédent.

La plupart de ces crises résultent de l’intensification des conflits, de l’insécurité alimentaire croissante, des inégalités structurelles et des conséquences directes et indirectes de la pandémie COVID-19, telles que la montée de la violence sexiste, selon le communiqué.

« Ces crises cumulées sans précédent qui risquent de dévaster la région, en mettant en danger des millions de personnes, nécessitent une attention urgente et un soutien accru », a averti le document.

« En 2020, 24 millions de Sahéliens dont la moitié, sont des enfants, ont besoin d’une assistance et d’une protection vitale, le nombre le plus élevé jamais enregistré. En raison de la violence généralisée et des catastrophes naturelles, 6,9 millions de personnes sont confrontées aux conséquences désastreuses des déplacements forcés. Plus de 4,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays ou réfugiées – soit un million de plus qu’en 2019, et 2,5 millions de retournés luttent pour reconstruire leur vie », a renseigné le communiqué.

« Le temps presse alors que nous faisons face à une crise sans précédent en matière de déplacement et de protection dans la région. Des centaines de milliers de personnes ont déjà été contraintes de fuir et doivent maintenant faire face à l’incertitude supplémentaire apportée par le coronavirus », a déclaré la Directrice du Bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’ouest et centrale, Millicent Mutuli.

« Les conflits, les déplacements, la violence et maintenant, la pandémie COVID-19, ont des effets dévastateurs sur les enfants, leur santé, leur état nutritionnel, leur éducation et leurs droits à la protection. Quelque 9,7 millions d’enfants, sont menacés de malnutrition aiguë, dont 3 millions de malnutrition aiguë sévère. Les enfants et les jeunes sont également confrontés à un risque accru d’être victimes d’abus et de violence, d’exploitation sexuelle, de mariages précoces et de grossesses adolescentes », a rappelé la Directrice régionale de l’UNICEF, Marie-Pierre Poirier.

 A cet effet, « il est crucial que des mesures soient mises en place pour freiner et arrêter la propagation de la pandémie COVID-19, pour répondre aux besoins immédiats et à plus long terme des enfants », a-t-elle souligné.

« Alors que la période de soudure annuelle approche et que l’impact socio-économique de cette pandémie commence à se faire sentir, nous pourrions assister à une situation catastrophique pour des personnes déjà vulnérables si l’aide humanitaire n’est pas soutenue et si des mesures de protection sociale solides ne sont pas mises en place par les gouvernements », a déclaré pour sa part, le Directeur régional du Programme alimentaire mondial, Chris Nikoi.

« A la FAO, nous sommes préoccupés par la succession et la superposition des crises vécues au Sahel, de l’insécurité alimentaire, à la pandémie COVID-19 et à l’invasion potentielle de criquets pèlerins qui pourraient dévaster les moyens d’existence et la production alimentaire et affaiblir la résilience du Sahel », a déclaré le Coordonnateur sous-régional de la FAO, Gouantoueu Robert Guei.

« Nous devons préserver l’accès des populations aux services de santé, y compris les services de santé psychologique et sexuelle, en particulier dans les zones touchées par les conflits, où les besoins dépassent les ressources disponibles », a quant à lui, conseillé  le Directeur régional d’Action contre la Faim, Mamadou Diop.  

« Cette pandémie est une opportunité de renforcer le leadership des gouvernements pour la construction de sociétés plus inclusives en les incluant dans les plans nationaux de préparation et de réponse, quel que soit leur statut », a de son côté, déclaré la Directrice régionale a.i. de l’OIM, Sophie Nonnenmacher.

Pour la Directrice régionale du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Maureen Mage, les travailleurs humanitaires sont en première ligne de la réponse dans les communautés déplacées et d’accueil, et ils sont essentiels pour protéger ces communautés d’une épidémie dévastatrice.

« Si nous n’agissons pas maintenant, la crise coûtera encore plus de vies, dévastera des communautés et se propagera dans de nouvelles régions et dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. L’avenir de millions de personnes, dont quatre sur cinq ont moins de 35 ans, est en jeu », a averti la Cheffe du bureau régional d’OCHA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Julie Belanger.

« Des ressources supplémentaires sont requises d’urgence afin de permettre aux opérations humanitaires de prendre de l’ampleur et d’inverser la crise. En 2020, la communauté humanitaire a besoin de 2,8 milliards de dollars pour apporter une assistance à 17 millions de personnes au Sahel. En mai, seuls 18% des fonds ont été reçus. De plus, selon la deuxième itération du Plan de réponse humanitaire global COVID-19 (GHRP) du mois de mai 2020, le besoin financier pour répondre à la pandémie au Sahel s’élève à 638 millions de dollars, avec moins de 4% des fonds perçus », a conclu le document.