Après de longues années de procédure judiciaire, le gouvernement français a décidé de répondre positivement à la demande d’extradition de François Paul Compaoré, frère cadet du président déchu depuis 2015 Blaise Compaoré. Le décret d’extradition signé par le premier ministre Edouard Philippe comporte néanmoins quelques conditionnalités qui vont lier l’Etat burkinabè.
François Compaoré, frère de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, devrait être extradé vers le Burkina Faso après la double signature du décret d’extradition par le gouvernement français en la personne du premier ministre Edouard Philippe et du ministre de la Justice garde des Sceaux Nicole Belloubet. Cette évolution notable de la coopération judiciaire entre les deux pays donnera l’occasion à François Compaoré de répondre devant la justice burkinabè des allégations le mettant gravement en cause dans l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo et de son chauffeur le 13 décembre 1998.
Le document d’extradition est consultable sur le site du ministère burkinabè de la Justice, avec ampliation au futur prévenu ainsi qu’au chef du Bureau de l’Entraide Pénale Internationale.
Réfugié en France bien avant la chute de Blaise Compaoré qui, lui-même, vit en Côte d’Ivoire depuis sa chute, François Compaoré est déjà l’objet d’une inculpation pour «incitation à assassinat» dans l’enquête locale relative à l’affaire Norbert Zongo. C’est dans la capitale française qu’il avait été interpellé le 29 octobre 2017 suite à un mandat d’arrêt international lancé par la justice burkinabè. Relâché, il avait néanmoins été placé sous contrôle judiciaire en attendant l’examen de la demande d’extradition introduite par le Burkina Faso devant les autorités françaises.
Cette extradition annoncée d’un des dignitaires remarquables du régime de Blaise Compaoré est la résultante de l’accord de coopération en vigueur entre les deux pays depuis sa signature le 24 avril 1961 lorsque le Burkina Faso s’appelait encore la Haute Volta.
Toutefois, le premier ministre français subordonne l’extradition effective de François Compaoré au respect par le Burkina Faso de plusieurs conditions.
En premier lieu, et s’il devait être condamné à la prison à perpétuité, Compaoré devrait pouvoir bénéficier d’un aménagement de peine «selon les modalités prévues par la loi burkinabè.» En outre, le futur prévenu devra bénéficier de conditions d’incarcération décentes en rapport avec son statut, avec «accès à un service médical adapté tout au long de sa détention.»
A côté de la «confidentialité» qui doit lui être garantie lors de ses rencontres avec ses avocats, François Compaoré pourra exercer librement son culte en prison.
Par ailleurs, Edouard Philippe est d’avis que «François Paul Compaoré (devra être) jugé publiquement, contradictoirement et dans un délai raisonnable par un tribunal indépendant et impartial établi par la loi, en bénéficiant du temps et des moyens de préparer sa défense à l’aide du conseil de son choix ou, si nécessaire, d’un conseil fourni gratuitement.»