A cinq jours du double scrutin du 1er mars 2020, le régime d’Alpha Condé est dans une situation d’isolement. Après le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) qui ont décidé de la suspension de toutes ses missions vers la Guinée du 28 février au 8 mars prochain, c’est autour de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de suspendre « son soutien au processus électoral en cours ».
L’absence d’un consensus national autour des consultations électorales du dimanche prochain, à savoir les élections législatives et le référendum constitutionnel en vue de modifier la Constitution et ouvrir la voie pour un troisième mandat au président sortant Alpha Condé, justifierait cet isolement.
L’OIF qui s’exprimait à travers un communiqué de presse en date du 24 février dernier émettait des « réserves quant à la fiabilité du fichier électoral devant servir aux scrutins du 1er mars prochain ». Un fichier électoral que rejette l’opposition politique, estimant qu’il comporte beaucoup d’irrégularités.
Pendant ce temps, l’atmosphère est trop électrique en Guinée où les partis politiques de l’opposition ainsi que la société civile menacent de perturber, voir même empêcher la tenue de ces consultations électorales.
Regroupée au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), l’opposition politique guinéenne et la société civile appellent à la « résistance citoyenne active et permanente ».
Des actions à travers lesquelles ces structures comptent faire échec aux manœuvres du président Condé qui veut coûte que coûte obtenir la modification de la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
« Tous ceux qui tenteraient de commettre des actes susceptibles de perturber le processus électoral, surtout par la destruction des matériels électoraux seront sévèrement punis », ont prévenu les autorités guinéennes.
Dans un communiqué en date du 24 février dernier, l’état-major de l’armée de terre annonçait qu’à « partir du mardi 25 février 2020, toutes les unités seront en alerte sur toute l’étendue du territoire national avec pour mission de sécuriser le vote du 1er mars 2020 ».
Un communiqué qui sonne comme une menace à peine voilée du régime Condé envers l’opposition, la société civile et tous les défenseurs de la démocratie en Guinée.
« Même si Alpha Condé réquisitionnait l’armée rouge de la Russie, ce que nous avons dit, nous le ferons conformément aux dispositions constitutionnelles de notre pays. Nous sommes en train d’agir en vertu de l’article 21 alinéa 4 de la Constitution qui donne le droit et même le devoir au peuple guinéen de résister à l’oppression », a rétorqué le président du Bloc Libéral, Dr Faya Millimouno, interrogé par un site guinéen d’informations.
Au sein de la population, c’est l’inquiétude dans toutes les familles. Chacun craigne l’embrasement de la situation politique nationale et des affrontements entre population et forces de l’ordre.
Partout dans le pays, c’est la panique. Selon des informations rapportées par les médias guinéens, « c’est la psychose dans tout le pays », indiquant que « les hôtels sont en train de se vider et les activités économiques au ralenti ».
C’est dans cette psychose généralisée que les guinéens sont appelés le 1er mars prochain à renouveler le mandat de leurs élus à l’Assemblée nationale et à se prononcer sur la modification de la Constitution que leur propose le président Alpha Condé.