Dans un nouveau rapport publié en fin octobre dernier, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a déploré l’augmentation alarmante des cas d’allégations de malversations financières visant à intimider et à réduire au silence les journalistes et les médias ». Du constat fait par l’organisme onusien, il ressort que sur « 120 cas examinés entre 2005 et 2024, 60% sont survenus entre 2019 et 2023 », d’où son appel à tous ses Etats membres à « protéger les journalistes de ces pratiques ».
Outre des accusations comme l’extorsion, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent qui sont les plus fréquemment utilisées à tort contre les journalistes et les médias, s’ajoutent d’autres charges infondées, notamment « le chantage, le financement du terrorisme, la fraude, le détournement de fonds ou encore la réception illégale de fonds étrangers », souligne l’UNESCO.
Elle décèle aussi un autre éventail de subterfuges qui sont utilisés pour réduire au silence les journalistes et les médias. Il s’agit entre autres, des accusations financières sans qu’aucun lien ne soit établi entre le contenu éditorial produit par le journaliste ou son organe de presse, l’emploi abusif de la législation financière et les affaires de diffamation. Des subterfuges dont les principaux instigateurs, selon l’organisme onusien, « sont le plus souvent des acteurs étatiques (pouvoir exécutif, autorités fiscales) » qui contournent le système judiciaire pour atteindre les journalistes ou leurs organes de presse.
Même si dans ce nouveau rapport, l’UNESCO ne fait pas cas du Niger, il est important de rappeler qu’en 2018, plusieurs organes de presse indépendants, parmi lesquels votre serviteur, L’Evénement/Niger, avaient été fermés par les autorités fiscales, notamment la Direction Générale des Impôts (DGI) pour une soi-disant affaire de « non-paiement d’impôts et de redressement fiscal ».
Or, au vu du rôle essentiel que jouent les journalistes et les médias pour la société en enquêtant sur les délits et en faisant progresser la transparence, l’UNESCO estime qu’« ils ne devraient jamais faire l’objet d’allégations infondées de malversations financières ou de harcèlement juridique visant à les réduire au silence ». Tous ces procédés utilisés contre les journalistes et les médias « portent atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’expression de chacun d’entre nous », fustige l’organisme onusien.