Le dimanche 14 mai 2023, le président de l’Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPRR), Mahmoud Sallah, a animé, à Niamey, un point de presse relatif au dépôt d’armes par son mouvement. Un mouvement politico-militaire qui opérait depuis 2019 dans le nord du Niger.
La corruption, l’injustice, la mauvaise gouvernance, telles sont les raisons fondamentales qui avaient conduit, en 2019, Mahmoud Sallah et ses camarades à créer l’UFPRR, selon ses dires. Après trois ans d’opération dans le nord du Niger, le mouvement a décidé de déposer « sans conditions » les armes. Et ce, après avoir constaté une certaine « amélioration » dans la gestion du pays.
« Depuis un certain temps, nous avons constaté qu’il y a une certaine amélioration et les choses ont commencé à changer. Et le Président de la République avait initié une médiation. Il nous avait tendu la main. Il nous avait demandé de venir ici pour faire la paix et travailler ensemble. Et nous, nous avons décidé, après réflexion, après concertation de nos camarades, sans conditions, nous sommes venus, faire la paix avec la République », a expliqué à la presse le président de l’UFPRR.
Il s’agit donc aussi d’une réponse à l’appel du président Bazoum Mohamed, qui a tendu la main au groupe rebelle pour faire la paix. « On a donné au président de la République une feuille blanche. On lui a dit, nous avons entendu votre appel à faire la paix. Nous avons décidé de faire la paix et sans conditions », a indiqué le chef du groupe.
Par ailleurs, Mahmoud Sallah a rappelé que depuis la création de son mouvement, l’ancien président de la République, Issoufou Mahamadou, qui était au pouvoir à l’époque, avait engagé une médiation. « On avait un intermédiaire. Et, c’était en la personne de feu Idriss Déby (Paix à son âme) qui avait ouvert des négociations », a-t-il révélé. « Mais, poursuit-il, faisant chemin, entre temps, lui, il a perdu la vie au front. Et, depuis, le président de la République Bazoum est arrivé au pouvoir. Et, lui- même, depuis pratiquement deux ans et demi, il nous a toujours tendu la main, il nous a envoyé des médiateurs, souvent nationaux, souvent étrangers, pour évidemment faire la paix avec la République ». « Mais, nous-même, à notre niveau, nous sommes une organisation, nous avons un comité décisionnel et puis, après concertation, après plusieurs réflexions, nous avons décidé, en toute souveraineté, de faire la paix avec le régime », a expliqué Mahmoud Sallah.
« Des choses importantes qu’on ne peut pas nier… »
En créant l’UFPRR avec ses camrades, Mahmoud Sallah dit s’être levé fondamentalement contre la corruption, l’injustice, la mauvaise gouvernance. La « volonté manifeste » du président Bazoum à lutter contre ces maux, a aussi encouragé le groupe a déposer les armes, selon son président.
« Quand nous avons pris les armes, ce n’est pas pour chercher quelque chose. C’est pour que le Niger aille mieux, peut-être », a-t-il expliqué. « Et, aujourd’hui, il y a une volonté manifeste avec le président de la République. Il a cette volonté de lutter contre la corruption, contre l’injustice… Je pense que tout cela, c’est des choses importantes qu’on ne peut pas nier, nous », justifie-t-il.
Sur la question de savoir si le mouvement va éventuellement se transformer en parti politique, Mahmoud Sallah n’a pas été précis dans sa réponse. Toutefois, l’idée n’a pas été exclue dans ses explications.
« Ça, ça ne dépend pas de moi. J’ai des camarades, j’ai des compagnons, c’est à eux, si on va décider de transformer ça en parti politique ou non », a-t-il déclaré. « Et, poursuit-il, les textes nigériens, je pense que ça ne nous l’empêche pas. Chaque citoyen a le droit de créer une association ou non. Donc ça, ça dépendra après de nos camarades et on peut se concerter. Dans tous les cas, ça, ce n’est pas une condition ». L’ex-rebelle a tout de même indiqué que depuis 2016, il n’adhère à aucun parti politique.
Quant à la question de savoir si le mouvement a déposé les armes en contrepartie de quelques avantages personnels, notamment des postes pour ses membres, « non », répond clairement son président. « Il y a beaucoup de Nigériens qui chôment. On n’a pas déposé pour avoir des emplois. Non ! Je n’ai pas eu besoin d’eux pour avoir des emplois. Et, aujourd’hui ce n’est pas pour des emplois… », martèle le chef de l’UFPRR.
Cette sortie médiatique des membres de l’UFPRR intervient deux jours après qu’ils ont été reçus au palais présidentiel par le Président de la République, Mohamed Bazoum. Lors de leur point de presse, les membres du mouvement n’ont pas fait part de leurs discussions avec le président de la République, malgré la demande des journalistes.