Niger – Agadez : des migrants sénégalais protestent contre les « fausses promesses » de l’OIM

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Des migrants sénégalais protestent contre l'OIM à Agadez.

Le 19 septembre 2022, plus de 100 migrants sénégalais ont entamé une marche de protestation contre les « fausses promesses » de l’OIM. Pour réclamer leur retour au Sénégal – pour lequel le départ a toujours été reporté – ils ont décidé de marcher d’Agadez vers Niamey. Face à la situation, l’association humanitaire Alarme Phone Sahara monte au créneau et interpelle l’OIM et les États africains sur leurs responsabilités.

Mécontents de la gestion de leur situation par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) qui les loge dans son camp d’Agadez, plusieurs migrants sénégalais ont opté de marcher vers Niamey (environ 950 km). L’organisation qui leur promet un retour dans leur pays d’origine remet toujours à plus tard cette étape qu’ils attendent désespérément.

Un migrant interrogé par la chaine de télévision nigérienne, Canal 3, a expliqué qu’ils ont marre de fausses promesses de l’OIM quant à leur retour dit volontaire. Selon lui, l’organisation leur a promis de prendre en charge ce retour qui devait intervenir depuis le 5 juillet dernier. Une promesse qui ne s’est pas réalisée. Selon le migrant, l’OIM a gardé la même posture et a continué de les retenir dans son camp d’Agadez par des fausses promesses à plusieurs reprises. Quand le départ programmé pour le 19 septembre dernier a encore été repoussé, les migrants ont alors décidé de prendre la route de Niamey à pied.

Le chef sous bureau OIM a expliqué à la chaine télé Canal 3 Niger que le report de leur rapatriement est dû à un problème des documents de voyage pour certains et de l’aéronef.  Il a, par ailleurs, promis que les dispositions seront prises d’ici au 22 septembre pour assurer leur retour au Sénégal.

Alarme Phone Sahara (APS) solidarise avec les migrants et monte au créneau

Sur son site internet, l’association humanitaire Alarme Phone Sahara (APS) a déclaré sa solidarité avec les protestations des migrants et des réfugiés dans les camps de l’OIM et du HCR. Elle soutient ainsi leurs « préoccupations légitimes ». APS condamne, par ailleurs, la politique européenne d’externalisation du régime des frontières et de fermeture des frontières et des routes migratoires. Cette politique, estime l’association, est « l’une des principales raisons pour lesquelles plusieurs milliers de personnes sont bloquées sans perspective dans un pays appauvri comme le Niger ».

« Au lieu de mettre des millions d’euros pour fermer les frontières et empêcher la migration par force, il faut respecter la liberté de circulation de personnes et investir dans le sauvetage de vies sur les trajets de migration et la création de routes de voyage sécurisées pour tout le monde », a appelé APS.

« En raison de l’actualité, nous condamnons également la situation que l’OIM, malgré les budgets considérables qu’elle reçoit, n’est pas prête ou pas capable de rassurer au moins des conditions de vie dignes pour les personnes dont elle s’est donné le mandat de leur prise en charge et d’organiser d’une manière fiable les programmes de retour pour les personnes qui, faute d’autres perspectives, attendent désespérément un soi-disant retour volontaire », écrit l’association sur son site.

APS demande à l’OIM et ses bailleurs de fonds de « fournir des ressources suffisantes pour permettre des conditions de vie décentes à tous les migrants et réfugiés qui ont besoins d’assistance au Niger ». L’association humanitaire estime que l’hébergement et la prise en charge ne doivent pas dépendre de la soumission à un soi-disant retour volontaire pour les personnes qui veulent rentrer dans leurs pays d’origine selon leur propre gré. Pour elle, il faut simplement leur donner l’assistance nécessaire pour y retourner « dans des conditions dignes ».

Par ailleurs, Alarme Phone Sahara demande aux Etats de l’Afrique, notamment aux membres de la CEDEAO, de « prendre des dispositions pour chercher des solutions au faveur de toutes les personnes bloquées sur les trajets de migration et défendre leurs droits de vivre en dignité et leur droit de libre circulation, au lieu de suivre les directives imposées par l’externalisation des frontières européennes ».

Plusieurs milliers de migrants et réfugiés sont bloqués dans le centre de transit de l’OIM à Agadez. Et ce, dans des conditions de vie qu’ils jugent « très précaires » et qu’ils contestent. Certains parmi eux ont subi l’expulsion ou le retour forcé d’Algérie ou de Libye dans des conditions violentes et de violation des droits humains. La plupart ont alors opté pour un « retour volontaire » dans leurs pays d’origine via l’OIM qui leur a promis de prendre en charge ce retour qui tarde à intervenir. Ce qui provoque parfois des manifestations de migrants contre l’OIM.

Les 27 et 28 août dernier, des migrants de diverses nationalités ont manifesté leur mécontentement contre les conditions dans lesquelles ils sont logés par l’OIM dans ses camps d’Agadez et d’Arlit.