Dans une note de la cellule Afrique et Océan indien du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, la France répond aux accusations du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga à la tribune des Nations unies. Le premier ministre avait reproché à la France d’avoir « abandonné son pays en plein vol ».
Comme réponse du berger à la bergère, la France démonte le réquisitoire du premier ministre malien. Sur le retrait de ses troupes dans le Sahel, la métropole accuse le chef du gouvernement malien. « Il est faux de dire qu’il s’agit d’une décision unilatérale de la France », rétorque l’Elysée. L’adaptation de notre dispositif militaire, souligne la note, « a fait l’objet de consultations avec les autorités sahéliennes et maliennes. « Ce fut notamment le cas lors du sommet de N’djamena de février 2021 à l’issue duquel le Président de la République (Ndrl, Emmanuel Macron) avait annoncé publique que des évolutions seraient apportées à notre dispositif militaire au Sahel », peut-on lire dans la note.
Sur l’accusation portant sur l’abandon en plein du Mali Paris dément. « Il est également faux de parler d’un abandon du Mali. La transformation de notre dispositif militaire au Sahel ne constitue pas un départ au Mali », rassure la France. Plutôt, elle reste « engagée aux côtés du Mali et des autres Etats du G5 Sahel », néanmoins les pays devront faire la demande. Toutefois la France réaffirme son engagement « dans la lutte contre le terrorisme qui demeure » pour elle « une priorité absolue ». Comme pièce à conviction de son engagement, la mort d’Adnan Abu Walid al-Sahraoui, leader de l’Etat islamique au Grand Sahara-EIGS) et celle du soldat français lors d’une opération contre les groupes terroristes 24 septembre dernier.
Wagner, la pomme de discorde
Pour la France, la puissance tutélaire, ce sont les choix des nouvelles autorités maliennes qui inquiètent. Ainsi elle accuse à son tour Choguel Kokalla Maïga d’incohérences. En toile de fonds de ces joutes verbales, la société militaire russe Wagner qui séduit de plus en plus la junte au pouvoir au Mali. Un penchant pour la Russie que, visiblement, Paris n’apprécie pas.
« Le recours à une milice payante qui accablera le budget du Mali de manière insoutenable, alors que l’appui de Barkhane ne coûte rien aux finances maliennes, n’est pas une solution pour faire face à ce problème (Ndrl, l’argument de souveraineté nationale brandi par le Mali) », fait valoir la métropole. Et pour enfoncer le clou, la note du ministère des Affaires étrangères français fait réchauffer un entretien de Bah N’daw (à l’époque président de la transition) accordé à Radio France Internationale en décembre de l’année passée.
Avant qu’il ne soit déposé du pouvoir plus tard, par la junte, l’ex- éphémère président malien dénonçait déjà les dérives des putschistes. « C’est l’instauration d’un régime militaire déguisé. Parce que ce n’est pas le rôle des militaires que de remplacer les politiques pour diriger », avait-il affirmé avant de relativiser. « Il peut y avoir quelques militaires dans la gestion de l’Etat, mais la militarisation à outrance ne sert ni l’armée, ni la société », nuançait Bah N’daw.