Mali : Un accord sécuritaire avec la Russie en passe d’être conclu

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Colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire malienne

La junte au pouvoir serait proche de signer un accord  avec la société militaire privée russe Wagner. Une imminente signature qui fait rougir Paris.

La préférence russe prend de plus en plus forme au Mali. Moscou s’apprêterait à envoyer des mercenaires au chevet du Mali. Leur nombre n’est pas dévoilé, mais une source diplomatique jointe par Reuters, révèle que Wagner va réaliser une belle opération. « Elle serait payée à six milliards francs cfa par mois ». Une autre source ajoute que la société russe aura également accès « à trois gisements miniers, deux d’or et un de magnésium ». En contrepartie de cet accord, les Forces armées maliennes bénéficieront de la formation et de la protection pour certains hauts dirigeants maliens.

Paris rougit

Selon plusieurs sources diplomatiques qui suivent la situation de très près, le président français joue en coulisse une diplomatie dissuasive. Il aurait tenté d’en parler avec son homologue russe. Aussi 08 septembre dernier Christophe Bigot, « Monsieur Afrique » du Quai d’Orsay  s’est entretenu avec Mikhail Bogdanov, représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Des signes du malaise français face à l’avancée russe en Afrique de l’ouest.

L’offensive russe irrite dans les milieux diplomatiques français. « Une intervention de cet acteur (Ndrl, la Russie) serait donc incompatible avec les efforts des partenaires sahéliens et internationaux du Mali, engagés au sein de la Coalition internationale pour le Sahel en faveur de la sécurité et du développement de la région », semble menacer un diplomate français. Il fustige Wagner et taxe la société russe de méthodes d’ingérence dans le fonctionnement de l’Etat, de prédation sur les ressources naturelles, de violations des droits de l’Homme, entre autres sur ses opérations en Centrafrique.

Démenti

Les autorités maliennes tentent de démentir leur tentation de passer sous le giron sécuritaire de  la Russie. « Ce sont des rumeurs. Les officiels ne commentent pas les rumeurs » a déclaré Baba Cissé, Porte-parole du ministère malien de la Défense. Pourtant, il avoue que « l’opinion publique malienne est favorable à une coopération accrue avec la Russie vue la situation sécuritaire »

Depuis l’année passée la préférence russe est manifeste au Mali. Des tractations diplomatiques sont enclenchées. L’une d’elle s’est traduite par la visite de Sadio Camara à Moscou 04 septembre dernier. Selon une source malienne, la visite « s’inscrivait dans le cadre de coopération et d’assistance militaire ».

Moscou sent un coup à jouer sur le continent africain et ne s’en cache pas. D’ailleurs, il  se montre disponible voire généreux envers les Etats qui cèdent à ses sirènes. Mais jusqu’où ira cette « nouvelle guerre froide » qui se profile en Afrique ?

Perte de prestige

La France d’Emmanuel Macron s’est embourbé dans les sables de Kidal. Les opérations Barkhane et Serval ont plutôt ravivé le sentiment anti-français au Mali avec des attaques jihadistes répétées.

L’image écornée de la puissance colonisatrice qui refuse de s’adapter à l’air du temps tourne à l’avantage de la Russie. Comme en Centrafrique où opère Wagner. Longtemps resté de côté après la fin de la guerre froide, le pays de Poutine enclenche une offensive en Afrique qui froisse l’Hexagone.

L’imminent accord entre les nouvelles autorités maliennes et la société militaire Wagner en est un exemple. Il est vu par Paris comme « une ingérence de trop ». Reuters révèle que « pour tenter  de convaincre la junte de ne pas signer cet accord, la France a sollicité l’aide de certains de ses alliés, comme les Etats-Unis, et envoyé des émissaires à Bamako ». Un « effort de guerre » que Paris négocie en catimini.

Des sources diplomatiques jointes par l’agence Reuters, affirment que la France craint l’arrivée de mercenaires russes au Mali. Pour Paris l’intrusion russe va « déstabiliser davantage la région et compromettre la lutte antiterroriste au Sahel au moment  où la France cherche à transformer l’opération Barkhane en coalition internationale impliquant davantage ses alliées européennes ».

Les mêmes sources soulignent que « la présence de mercenaires russes à Bamako remettrait en cause le soutien financier des partenaires internationaux du Mali et la formation de l’armée malienne assurée notamment par l’Union européenne ». Les sources annoncent aussi qu’un redéploiement  des soldats français encore présents dans le nord Mali vers des pays voisins comme le Niger serait à l’étude.

Ces bruits de bottes annoncent le retour en Afrique de la Russie, encombrante pour les uns, bienfaitrice pour les autres. Des signes annonciateurs d’une seconde conférence de Berlin ?