Ce dimanche 05 septembre 2021, le Comité national de rassemblement et du développement (CNRD) dirigé par le patron du Groupement des forces spéciales (GPS), le Colonel Mamady Doumbouya, a renversé le président guinée Alpha Condé, 83 ans, au pouvoir depuis 2010.
Dans un message délivré après le putsch, le nouvel homme fort de la Guinée a appelé ses frères d’armes « à l’unité afin de répondre aux aspiration légitimes du peuple de Guinée ». « Nous invitons, chacun en ce qui le concerne, à rester dans les casernes et à continuer leur activité régalienne. On ne va pas reprendre les erreurs du passé », a-t-il lancé.
Pour l’instant, la situation semble être sous contrôle à Conakry, mais plusieurs observateurs craignent une riposte des hommes en uniforme fidèles au président déchu. Selon nos informations, après son arrestation, Alpha Condé est exfiltré dans un camp militaire hors de la capitale. Certains de ses ministres et hautes personnalités d’État seraient, eux aussi, mis aux arrêts par les éléments du CNRD.
Un troisième mandat de trop ?
Arrivé au pouvoir en 2010 après plus d’une décennie de lutte pour la démocratie en Guinée, Alpha Condé a été réélu en 2015 pour un deuxième de 5 ans. Au terme de ce mandat, il instrumentalise la révision de la constitution qui lui permet de briguer un troisième mandat. La contestation, menée par l’opposition et une partie de la société civile a été violemment réprimée, faisant des dizaines de morts civils et quelques morts dans les rangs des forces de sécurité.
Selon le nouvel homme fort de la Guinée, « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, et la pauvreté endémique ont amené l’armée républicaine à travers le CNRD à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple souverain ».
Notons que depuis mai 2021, des centaines de personnes ont été arrêtées lors des manifestations contre le troisième mandat sont jugés pour atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation. Cellou Dalein Diallo, principal opposant du président Condé avait dénoncé une justice partiale. Les défenseurs des droits humains dénoncent le durcissement autoritaire du régime Condé contre les libertés fondamentales.
A l’annonce de l’arrestation du président Condé, des scènes de liesse populaire sont observées dans les rues de Conakry. « On est libéré« , scande une foule qui salue la bravoure des putschistes.