Cinq choses à savoir sur la crise humanitaire au Niger

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Garin Kaka refugee site, Maradi, Niger, December 2019. Maryam and her baby are among many who fled when criminal gangs attacked their village. Credit : OCHA/Eve Sabbagh

Le Niger a récemment été classé parmi les 10 pays en crises les plus négligées au monde. Avec une population de plus de 24 millions d’habitants – et une augmentation de plus de 60% du nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire – le pays se classe au dernier rang de l’Indice de développement humain (189 sur 189 pays).

Le Niger est confronté à une urgence humanitaire complexe marquée par une insécurité persistante, une pauvreté endémique et les effets du changement climatique, qui sont encore aggravés par la pandémie Covid-19. Voici cinq choses que vous devez savoir sur la crise au Niger :

1. Plus de 2 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et chronique

Alors que le Niger a déployé d’énormes efforts pour soulager les souffrances de sa population, le pays est touché par l’insécurité alimentaire depuis des décennies, en partie à cause des chocs récurrents dus aux effets du changement climatique, tels que les sécheresses et les inondations qui perturbent la saison agricole.

Environ 100 000 hectares de terres arables sont perdus chaque année en raison de l’érosion hydrique à la suite de fortes pluies, entraînant la perte de cultures et de moyens de subsistance pour les milliers d’agriculteurs touchés. La pandémie du Covid-19 a également affecté la disponibilité alimentaire en raison d’un ralentissement des activités commerciales et de l’accès aux marchés.

En 2020, le pourcentage de personnes souffrant de malnutrition aiguë au Niger est passé à 12,7%, avec trois régions à 15% ou plus (le niveau d’alerte de l’Organisation mondiale de la santé est de 10%), tandis que la malnutrition aiguë sévère est passée à 2,6%. Les experts de la santé estiment que 457 200 enfants âgés de 6 mois à 59 mois souffriront de malnutrition aiguë sévère en 2021.

2. Plus d’un million de personnes ont été déplacées dans tout le pays

L’insécurité persistante et l’impact des inondations ont conduit quelque 530 000 personnes à chercher refuge contre la violence en 2020, tandis que plus de 632 000 personnes ont été déplacées suite à la destruction de leurs maisons par des pluies torrentielles. La plupart de ces personnes vivent dans des familles d’accueil ou sur des sites pour personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les déplacements récurrents exposent les groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, au risque d’exploitation et d’abus sexuels.

L’accès humanitaire aux Nigériens qui ont besoin d’assistance est entravé par l’insécurité. De janvier à septembre 2020, 765 incidents de sécurité ont été signalés au Niger et 10 humanitaires ont été tués.

3. Un pays à la croisée des chemins

La situation géographique du Niger entre l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Nord en fait une plaque tournante des flux migratoires socio-économiques. Pendant des siècles, les populations nomades ont parcouru le Niger pour laisser paître leur bétail et rechercher des terres fertiles.

En raison de sa situation géographique – deux fois la taille de la France – le Niger est un pays d’origine, de transit et de destinations majeures pour des milliers de migrants chaque année. Plus de 64 000 migrants au Niger reçoivent une aide humanitaire.

A young girl at a site for refugees in Niamey, Niger, December 2019. Credit: OCHA

4. Plus de 50% des enfants de 7 à 16 ans ne sont pas scolarisés

Des lacunes géographiques dans la couverture scolaire et de faibles taux de rétention persistent au Niger. La qualité de l’éducation s’est dégradée et les inégalités se sont creusées, les enfants les plus pauvres et les enfants des zones rurales étant les moins susceptibles d’aller à l’école.

Moins de 60% des élèves du primaire entrent à l’école secondaire, et bien que les inscriptions dans le premier cycle du secondaire aient presque doublé, seuls 20% des élèves terminent le cycle (garçons : 23,7% ; filles : 17%). L’insécurité persistante, la distance de la maison à l’école et le mariage des enfants empêchent les parents d’inscrire leurs enfants. De graves inefficacités persistent malgré le fait que le secteur bénéficie de près de 20% du budget de l’État et d’un soutien important des donateurs.

Garin Kaka refugee site in Maradi, Niger, December 2019. Credit: OCHA/Eve Sabbagh

5. Davantage de financement est nécessaire de toute urgence

Le plan de réponse humanitaire 2020 demande 516,1 millions de dollars américains pour fournir une assistance vitale à 1,8 million de personnes au Niger. Quelque 306 millions de dollars – 59,3% du montant requis – ont été reçus à la fin de 2020, avec des remerciements aux donateurs pour leur généreux soutien.

Lors d’un discours virtuel à l’Institut d’études politiques de Paris en octobre sur la région centrale du Sahel – qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger – le Coordinateur des secours d’urgence, Mark Lowcock, a déclaré : « Nulle part ne me fait plus peur que le Sahel. Je crains que la région ne soit très proche d’un point de basculement – et donc, par extension, ses voisins africains, l’Europe et le monde. Une tragédie évitable se profile. »

Un financement supplémentaire est nécessaire de toute urgence pour que le Niger maintienne les acquis obtenus jusqu’à présent et pour répondre aux besoins croissants, en particulier en réponse à la pandémie de Covid-19.

Par Laura Fultang, responsable de l’information publique d’OCHA (Version originale en Anglais)