La coordination régionale de Niamey du mouvement Tournons La Page (TLP-Niamey) a appelé l’ensemble des citoyens nigériens à une marche pacifique le 05 décembre 2021 dans la capitale nigérienne. L’appel a été lancé le vendredi 26 novembre 2021, lors d’une déclaration de presse. La présence, au Niger, des forces armées étrangères, particulièrement françaises, a été nouvellement contestée et plusieurs points abordés, notamment la situation sécuritaire et la gestion du pays en général.
Après avoir fait un tour d’horizon sur la situation sociopolitique, économique et sécuritaire du pays, la coordination du mouvement TLP, section de Niamey, en a tiré, de façon générale, des conclusions très peu reluisantes. S’agissant de la situation éducative, la coordination du TLP-Niamey a constaté une « dégradation persistante du système éducatif nigérien » qui est, selon elle, victime de l’inadéquation de la politique éducative et du manque de volonté des pouvoirs politiques à veiller à la promotion d’un enseignement de qualité, illustré par l’insuffisance des ressources allouées.
Évoquant l’incendie de classes en paillote à l’école AFN de Maradi ayant fait au moins 25 élèves morts calcinés, le 08 novembre 2021, TLP-Niamey a soulevé l’impérieuse nécessité de mettre définitivement un terme à ce type de classes, désigne-t-elle, inappropriées. « L’existence, à cette date, de 36.000 classes en paillote à travers le pays ou encore la fermeture de plusieurs écoles, privant des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation, en raison d’insécurité grandissante dans certaines régions« , sont d’autres preuves que le système éducatif nigérien souffre dans sa chair, souligne TLP-Niamey.
Quant à la question de la gouvernance, la démocratie est minée par plusieurs maux qui mettent à mal la gestion du pays, a noté la coordination du TLP-Niamey. « Encore aujourd’hui, les Nigériens ressentent les séquelles de cette tragédie soi-disant démocratique plutôt empruntée d’autoritarisme caractérisée par un accroissement de la pauvreté, de l’insécurité et d’immenses scandales de corruption, comme le Niger n’en avait jamais connu », ont fait entendre les auteurs de la déclaration. Ils ont souligné, entre autres, les détournements au ministère de la Défense nationale, l’Uranium Gate, l’acquisition du Mont Gréboune comme exemples.
« Presque un an après le départ de ce désastre démocratique (NDLR – le régime du Issoufou Mahamadou), l’actuel président de la République semble encore dans le tâtonnement au point de vouloir gouverner à travers la communication institutionnelle. Jusqu’aujourd’hui, aucun acte concret tendant vers une décrispation de toutes les crises héritées de son prédécesseur (…) n’a été posé », constate TLP-Niamey.
La présence des forces étrangères remis en cause
Au sujet de la sécurité, TLP-Niamey a constaté « avec indignation » la dégradation progressive de la situation, ceci, « malgré toutes les mesures prises en vue d’éradiquer cette calamité et la qualité astronomique du budget alloué à la sécurité ». Peuvent en témoigner les attaques terroristes répétitives et meurtrières qui touchent aussi bien des forces de défense et de sécurité que des civils, indique la coordination du TLP-Niamey, rappelant celles d’Inatès, de Chinegodar, de Banibangou et de Bakorat. « Depuis le début de l’année 2021, ce sont près de 600 civils et militaires qui ont été assassinés lors des attaques terroristes », a déploré la coordination régionale de Niamey du mouvement Tournons La Page.
Selon elle, cette situation d’insécurité a provoqué la migration interne de plus de 95.000 personnes, notamment dans la région de Tillabéry. Ce qui a aussi aggravé la situation d’insécurité alimentaire touchant aujourd’hui près de 600.000 personnes, du fait que des agriculteurs ne peuvent plus cultiver dans de bonnes conditions pour toujours des raisons sécuritaires, note la coordination du TLP-Niamey.
« Face à ce bilan catastrophique, indescriptible et inqualifiable, il est force de constater que les solutions proposées par le gouvernement et ses alliés s’avèrent inefficaces. Les nombreuses bases militaires étrangères, notamment françaises, présentent dans le pays ne semblent pas être en mesure de combattre l’insécurité et l’intérêt de leur présence est donc remis en cause par une grande partie de la population », a révélé la coordination du TLP-Niamey. C’est pourquoi, elle estime qu’il est urgent de « repenser la réponse sécuritaire ».
Des revendications à appuyer par une « marche pacifique »
Après l’exposition de toutes ces conclusions fâcheuses, les membres de la TLP-Niamey ont posé un certain nombre de revendications, notamment l’amélioration du système éducatif du Niger, la libération de tous les « prisonniers politiques et d’opinion » de l’ère de Issoufou. Aussi, exigent-ils l’ouverture d’une enquête indépendante « contre l’ancien président, Mahamadou Issoufou, son gouvernement et ses complices » pour, disent-ils, toutes les malversations financières commises sous son régime.
Saluant « le courage et la détermination » du gouvernement malien et de la jeunesse malienne et burkinabè pour les « actions qu’ils mènent » afin de reprendre en main les destins de leurs pays, TLP-Niamey a invité les députés nigériens à mener un « débat patriotique » à l’Assemblée Nationale pour clarifier et discuter du « bien-fondé » de la présence des bases militaires étrangères au Niger. De plus, ils exigent le retrait « pur et simple » des bases étrangères, particulièrement celles françaises « dont la présence encombrante semble plus favoriser l’expansion du terrorisme au Sahel ».
Afin d’appuyer ces revendications, la coordination du TLP-Niamey a appelé l’ensemble des citoyens nigériens à se mobiliser à travers une « marche pacifique » le 05 décembre 2021 dans des places publiques de la ville de Niamey.