Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a lancé un appel dimanche, en faveur d’une « réaction mondiale » aux problèmes de dégradation des terres qui constituent une menace pour la bande aride du Sahel.
S’adressant aux participants à une réunion de la Commission du climat pour la région du Sahel qui se tenait aux Nations Unies, M. Issoufou a déclaré que les 250 millions de personnes vivant dans la région sont confrontés à la sécheresse, la désertification et autres conséquences du changement climatique. « La situation qui prévaut dans le Sahel comporte des enjeux d’ordre planétaire, et elle exige une réponse à la même échelle », a dit Issoufou.
Les agriculteurs du Niger perdent chaque année 100 000 hectares de terres arables, a indiqué Issoufousuite aux précipitations imprévisibles, aux températures extrêmes et à la sécheresse qui affecte les points d’eau qui sont d’une importance capitale pour les éleveurs.
« Il est toujours possible d’inverser la tendance et de relever ces défis, mais cela exige des efforts d’adaptation qui soient durables ainsi que des actions collectives, avec le soutien de nos partenaires », a déclaré M. Issoufou.
La bande du Sahel s’étend d’un océan à l’autre. Elle couvre toute une bande depuis l’océan Atlantique jusqu’à la mer Rouge, en passant par le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie, le Niger, le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, le Soudan, l’Érythrée et d’autres pays africains.
À la réunion, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré que les populations du Sahel n’ont que peu d’incidence sur le changement climatique, mais que c’est elles qui « souffrent le plus » de la hausse des températures et des précipitations imprévisibles.
M. Guterres a deploré les tensions entre agricultures et éleveurs autour des terres de plus en plus réduites, ce qui aggrave une situation déjà volatile. Dans une déclaration écrite, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina a appelé le Sahel « la ligne de front dans la lutte contre le changement climatique. »
« En Afrique, des millions d’agriculteurs sont en train de souffrir des effets dévastateurs de la sécheresse dans le Sahel. Ce ne sont pas seulement leurs moyens d’existence qui sont en jeu, mais leurs communautés et leurs modes de vie », a déclaré Akinwumi Adesina, en appelant à des interventions financières pour relever ce défi crucial de notre temps.
« Depuis trop longtemps, nous avons été pénalisés par le changement climatique. Mais nous ne pouvons plus continuer à l’être sur son financement », a ajouté Adesina dans son intervention.
Au cours de la dernière décennie, la Banque a apporté a investi plus de 2 milliards de dollars dans la région, et s’est encore engagée à contribuer à hauteur de 1,3 milliard de dollars au plan d’investissement de la Commission du Sahel, en cours entre 2018 et 2030.
La Banque s’est également engagée à fournir 20 millions de dollars pour la préparation du projet d’énergie solaire « Desert to Power » (L’énergie du désert), qui permettra de générer 10 000 MW d’électricité propre pour en faire bénéficier les 250 millions de personnes vivant dans la région.
L’institution est déterminée à faire en sorte que le vaste désert du Sahel devienne une nouvelle centrale de production d’énergie renouvelable.
La Banque perçoit l’avenir du Sahel comme celui d’une région à croissance verte et de prospérité, basées sur des systèmes d’énergie propre, fiable et abordable, capable d’alimenter les ménages, les usines et les entreprises commerciales, tout en garantissant la résilience face au changement climatique.
Adesina a fait l’éloge des millions de jeunes passionnés du dossier climatique qui ont manifesté en sa faveur partout dans le monde, de l’Australie jusqu’à l’Islande, vendredi dernier, dans le cadre d’ « une grève pour le climat », afin de faire pression sur les dirigeants du monde entier, pour qu’ils redoublent d’efforts dans la lutte contre le réchauffement de la planète.
« Leurs voix résonnent encore et ils continueront à se faire entendre. Leur génération fait les frais de décennies de négligence et d’inaction. C’est donc à juste titre qu’ils s’expriment et qu’ils participent aux discussions sur le changement climatique », a ajouté Adesina.
Source : BAD