Niger : Tournons La Page déplore la gestion du Président Bazoum, après deux ans au pouvoir 

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Au Niger, le collectif Tournons La Page a dressé un triste bilan de la situation sociopolitique, économique et sécuritaire du pays à l’issue de la deuxième année de Mohamed Bazoum au pouvoir. 

A travers sa coordination régionale de Niamey, le mouvement, dans une déclaration rendue publique le 6 janvier, a déploré la gestion du régime de Mohamed Bazoum. 

« S’il convient de reconnaitre qu’aux premières heures de son entrée en fonction, le candidat Bazoum Mohamed avait malgré tout suscité une lueur d’espoir chez bon nombre de nos concitoyens (…) quant à sa détermination à assoir une gouvernance saine, force est cependant de regretter que deux ans après, cet espoir suscité s’est fondu comme neige, faisant place à un véritable désarroi, voire une désillusion, y compris chez les plus sceptiques », a noté TLP-Niamey. 

La cherté de la vie, la situation éducative, sanitaire et sécuritaire, la restriction des liberté des droits des citoyens, l’échec de la lutte anti-corruption, tels sont les points invoqués par le mouvement qui remet en cause l’efficacité de la gouvernance de Mohamed Bazoum. 

« Jamais, depuis son accession à la souveraineté nationale, la vie n’a été aussi chère au Niger, alors même que le pouvoir d’achat des Nigériens ne fait que s’amenuiser du jour au lendemain », a déclaré Moudi Moussa, le coordinateur du TLP-Niamey.

« A ce triste constat, s’ajoute l’inacceptable maintien à la hausse des prix des hydrocarbures à la pompe, nonobstant les promesses faites depuis 2018 de revoir à la baisse ces prix après deux ans d’exploitation de l’or noir puisé de notre sous-sol », ajoute-t-il. TLP-Niamey de faire ainsi constater « qu’à cette date, le prix de litre du carburant au Niger coûte plus cher que dans certains pays non-producteurs du pétrole ».

En outre, les volets éducatif et sanitaire sont, selon le mouvement, ceux qui souffrent le martyre du fait de leur « abandon » par le régime de Bazoum. 

Selon lui, l’éducation est marquée par une mauvaise politique éducative adoptée, celle de la « contractualisation à outrance de l’enseignement et de faible budget alloué au secteur (mois de 22% du budget national) ». A cela, s’ajoute aussi « la fréquence des incendies avec leurs corollaires des morts dans les rangs des élèves en raison d’une présence pléthorique des classes paillottes dans les établissements scolaires publiques du pays », note le mouvement. 

Pour ce qui est du volet sanitaire, TLP-Niamey révèle que la situation reste encore moins reluisante. Ce, malgré les grandes promesses du chef de l’Etat, qui restent jusque-là non réalisées. 

« A cette date, il convient de rappeler que la gratuité des soins pour la mère et l’enfant, la prise en charge de certaines prestations sont loin d’être une réalité dans nos différentes formations sanitaires où des Nigériens continuent de mourir par manque des soins appropriés. En effet, il n’y a pas pire calamité pour les populations que de tomber malades. Elles découvrent leur état de misère et de vulnérabilité, leur situation de total abandon », note Tournons La Page. 

Un régime liberticide

Par ailleurs, la détention, depuis plus de deux mois, de Abdoulaye Seydou, coordonnateur du M62, ou encore les cas des acteurs de la société civile Ibrahim Salissou, Badja Abdou Awal et Idrissa Adamou qui ont tous séjourné en prison avant d’être relâchés, sont, pour le mouvement, révélateurs de la restriction de la liberté des droits des citoyens. 

Aussi, ajoute TLP-Niamey, « les interminables interdictions et suites de non-recevoir rencontrées par les déclarations de manifestation des organisations de la société civile témoignent de la détermination de son régime [Mohamed Bazoum, ndlr] à réprimer davantage l’espace civique en se posant comme un régime liberticide où règnent la peur et la terreur ».  

Corruption, malversations financières et insécurité… 

S’agissant de la lutte anti-corruption, TLP-Niamey regrette que « les grands dossiers sur lesquels les Nigériens attendent de voir clair sont encore et toujours en souffrance ». 

« C’est le cas de MDN-Gate, de l’uranium-Gate, de l’achat de l’avion présidentiel Mont Gréboune, le chemin de fer, la route transsaharienne, l’affaire africarde etc », cite Tournons La Page. « En lieu et place, explique le mouvement, l’on a plutôt assisté à la mise aux arrêts de quelques ministres sur des affaires moins importantes pour servir d’arguments de campagne à la lutte anti-corruption qui semble être un leurre sur les astuces de la renaissance acte 3 ». 

Et, pire, poursuit-il, les malversations financières, le clientélisme et la gestion patrimoniale de l’Etat n’ont fait que s’accentuer, de même que le mérite est devenu relationnel et une nouvelle bourgeoisie compradore, de plus visible, s’est accaparée des faibles ressources de l’Etat. « L’accès aux fonctions étatiques n’est réservé qu’à une minorité d’élus jouissant des faveurs du régime, un régime élitiste en déphasage avec les réalités du Niger profond », lit-on de la déclaration. 

Par ailleurs, le TLP-Niamey souligne que le chômage des jeunes se fait endémique. « Selon les statistiques de l’OIT, 23% des jeunes âgés de 15 à 29 ans sont au chômage en 2022. Des jeunes diplômés sont sans emploi, malgré le riche potentiel dont dispose le pays et le besoin sans cesse croissant exprimé par l’administration publique et parapublique », note la coordination régionale de Niamey du TLP. 

« A cela s’ajoute une situation sécuritaire de plus délétère qui fait croire que l’Etat n’a plus apparemment le contrôle permanent sur des parties entières du pays dont les habitants se trouvent contraints d’abandonner sous la pression des groupes armés non étatiques qui règnent en maitres, prélevant dûmes et impôts sur des innocentes populations », relève-t-elle. Ainsi, illustre le mouvement, entre janvier et février 2023, plus de 20 000 personnes se sont déplacées dans les régions de Tillabéri et Tahoua pour cause d’insécurité. « A croire que les incessants investissements militaires et autres appels du pied aux forces extérieurs n’ont d’autre but que de protéger le régime et ses mentors ».

Des exigences 

Pour toutes ces raisons évoquées, TLP-Niamey, attendant une amélioration de la situation sociopolitique, économique et sécuritaire, a mis en avant un certain nombre d’exigences vis-à-vis des autorités de la 7ème République. Le Mouvement fustige d’abord la vie chère et exige du gouvernement la réduction du prix des hydrocarbures ainsi que celle des produits de première nécessité.  

Dans la foulée, une restructuration globale de la politique éducative, notamment la fin de la contractualisation ; la refonte du système sécuritaire nigérien ; un traitement urgent et judicieux de tous les dossiers de corruption mis à nu à travers les différentes inspections d’audits et autres rapports diligentés ; ainsi que le respect strict du principe de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice sont aussi attendus du régime en place. 

TLP-Niamey exige également la libération de tous les détenus politiques et/ou d’opinions, dont Abdoulaye Seydou, coordonnateur national du M62. Elle exige aussi le retrait pur et simple de toutes les bases militaires étrangères présentes sur le sol nigérien.