Des ressortissants nigériens vivant en Côte d’Ivoire ont été pris pour cible et violentés, le mercredi 19 mai, par des manifestants ivoiriens dans plusieurs quartiers d’Abidjan et autres villes. C’est une vidéo interprétée à tort qui a déclenché des actes de violence faisant une dizaine de Nigériens blessés et d’énormes dégâts matériels, selon le ministre ivoirien de l’intérieur et de la sécurité.
A la suite de ces violences, 10 personnes ont été blessés, 12 interpellées, 6 véhicules calcinés et une douzaine de magasins pillés, selon un bilan présenté par le Ministre de l’intérieur. Une vidéo dans laquelle des personnes, ligotées et couchées au sol, se font violemment tabasser par des hommes en uniforme a été largement relayée sur les réseaux sociaux par des individus faisant croire qu’il s’agissait des Ivoiriens qui se font frapper au Niger. Ce qui a provoqué des actes de violence contre des ressortissants nigériens, particulièrement ceux de la communauté Haoussa, dans plusieurs quartiers d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, et dans certaines localités du pays.
Ces violences ont été observées notamment à Abobo, à Anyama, à Yopougon, à Angré, à Adjamé, le mercredi et à Daloa, le mardi, selon le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité. Mais après des vérifications, il s’avère que la vidéo ne date pas de cette année, elle n’a pas été enregistrée au Niger et ce ne sont pas des Ivoiriens qui s’y font frapper, encore moins par des Nigériens, bien que les vérifications n’ont pas permis, pour l’instant, de préciser le lieu et la date exacts de l’enregistrement de la vidéo.
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« Cette vidéo a été interprétée par certaines personnes qui ont leurs raisons, mais qui ont fait croire que cette vidéo concernait des Ivoiriens qui étaient les migrants dans un pays ami que je ne citerai pas », a affirmé, sur la télévision nationale, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité, le Général Vagondo Diomandé. Il annonce également que des enquêtes sont en cours et ont déjà permis d’interpeller 10 individus dans le cadre de ces agissements. Le ministre d’ajouter que les enquêtes continuent et « permettront à mettre à nu l’auteur de cette vidéo, celui qui l’a diffusée et tous ceux qui l’ont relayée » avant d’appeler au calme et de rappeler que la Côte d’Ivoire est un pays qui accueille « tout le monde ».
« Nul n’a le droit de se faire justice. Il faut qu’on fasse en sorte que ces agissements cessent », a-t-il insisté.
Aussitôt l’information relayée, des médias, dont RTI, la télévision publique de la Côte d’Ivoire, ont procédé à un fact-checking et ont démontré, sur la base des certains éléments visibles dans la vidéo, que cette dernière n’a pas été enregistrée au Niger. En effet, l’uniforme des « soldats » qui maltraitaient les individus sur la vidéo ne correspond pas à celui de soldats nigériens.
Aussi, sur une pancarte apparaissant le long de la vidéo, à gauche, lit-on l’écriture en anglais « Slow Down Check Point Ahead » dont des recherches renvoient au nom d’une opération de maintien de la paix dans l’Etat du Plateau au Nigeria. Une opération qui est une force multitâche créée en 2010 et chargée de la sécurité des personnes et des biens dans le Plateau de Jos, Bauchi et certaines parties du Sud de Kaduna, au Nigeria. Il s’agit bien évidemment d’une fausse interprétation de la vidéo qui a causé ces violences contre des ressortissants nigériens en Côte d’Ivoire.
Plusieurs internautes ivoiriens et nigériens ont condamné ces agissements et ont appelé à la retenue et au calme pour que règne la paix entre les citoyens des deux pays frères. Certains internautes ivoiriens, dont les plus suivis, ont présenté leurs excuses à la communauté nigérienne dans le souci de préserver la culture de la cohésion et de la paix.