La détermination des autorités bissau-guinéennes à contrer le commerce de drogues a trouvé un premier aboutissement judiciaire : le jugement de trafiquants organisés en réseaux. Trois ressortissants étrangers viennent ainsi d’être condamnés par un tribunal de Bissau. Il s’agit d’un Sénégalais, El Hadji Mar Guèye, qui a écopé d’une peine de 14 ans de prison. Il était le chauffeur d’un camion venu du Sénégal et arrêté en territoire bissau-guinéen en mars dernier alors qu’il transportait une grande quantité de cocaïne.
Les deux autres condamnés sont de nationalité nigérienne. Il s’agit de Sidy Ahmed Mohamed qui se faisait passer pour un conseiller du président de l’assemblée nationale du Niger et voyageait avec un passeport diplomatique ; il a pris 15 ans de réclusion ; et de Ibrahim Illassou Salouhou, condamné lui à 14 ans de prison.
Ce procès, retentissant, est le premier à sanctionner des prévenus devant un tribunal siégeant pour juger des trafiquants présumés de drogue. Considéré par certains comme un « Etat narcotrafic », la Guinée Bissau fait face depuis plusieurs décennies à des puissants réseaux dont les tentacules ont fini de gangréner une bonne partie des hiérarchies politique, militaire et administrative du pays.
Cependant, les autorités ne perdent pas espoir de changer l’image du pays, l’un des plus pauvres et des plus corrompus d’Afrique. Appuyé par les instances internationales dont l’Office des Nations-Unies contre la drogue (ONUDC), Bissau a entrepris de lutter contre les trafiquants à travers de nouvelles résolutions. Le 2 septembre dernier, l’opération « NAVARA », exécutée par la police judiciaire nationale avec l’appui des partenaires internationaux, avait procédé à une saisie record de 1947 kilos de cocaïne dans le nord-ouest du pays. Les douze personnes arrêtées, des Bissau-guinéens et des Colombiens, attendent leur jugement.
Parallèlement, les électeurs sont appelés aux urnes à l’occasion de l’élection présidentielle prévue le 24 novembre prochain et à laquelle une douzaine de candidats ont été sélectionnés par la Cour suprême de justice. Parmi les prétendants, le chef de l’Etat sortant, José Mario Vaz, et son rival Aristide Gomes, actuel premier ministre qui bénéficie du soutien de la Cedeao et des Etats-Unis.