Le Tchad a décidé de rappeler son ambassadeur au Cameroun pour consultation sur fond de tensions persistantes avec Yaoundé à propos d’hydrocarbures, selon un communiqué de la présidence tchadienne.
Les autorités tchadiennes rappellent leur ambassadeur au Cameroun, Ahmat Mahamat Karambal, pour consultation en raison de différends persistants avec Yaoundé, a annoncé le 20 avril Gali Ngothe Gatta, ministre d’État et secrétaire général à présidence tchadienne, à la télévision nationale.
« Le Tchad se trouve une fois de plus dans l’obligation de défendre ses intérêts et sa respectabilité et dénonce les agissements répétés du Cameroun et de ses représentants qui mettent à mal dans ce dossier et en CEMAC [Communauté monétaire de l’Afrique centrale, ndlr] les relations entre ces deux pays frères […]. Par conséquent, le Tchad décide du rappel pour consultation de son ambassadeur auprès de la République du Cameroun », indique un communiqué de la présidence lu par Gali Ngothe Gatta sur Télé Tchad.
Le Cameroun a pris acte de la décision du Tchad, a indiqué le ministre camerounais des Affaires étrangères, Mbella Mbella Lejeune, à l’agence de presse turque Anadolu.
De quoi s’agit-il?
Dossier Esso Tchad
Les divergences entre le Tchad et le Cameroun portent notamment sur la question de l’acquisition des actifs d’Esso Tchad, ex-filiale du géant américain des hydrocarbures ExxonMobil, par la société britannique Savannah Energy.
Selon les autorités tchadiennes, Savannah Energy est en fait une « nébuleuse » derrière laquelle « gravitent de nombreuses personnalités camerounaises et d’autres pays africains qui n’ont cessé d’interférer auprès des officiels tchadiens ».
N’Djamena a essayé d’en discuter avec Yaoundé « par tous les canaux existants » mais ses lettres sont restées sans réponse, affirme la présidence tchadienne. Elle dénonce les agissements « inamicaux et contraires aux intérêts du Tchad » des représentants du Cameroun dans les conseils d’administration de Cameroun Oil Transportation Company (COTCO) et Tchad Oil Transportation Co (TOTCO).
Selon N’Djamena, la situation a dépassé les bornes après la signature d’un accord prévoyant la cession par une filiale de Savannah Energy de 10% du capital social de COTCO. Cette cession est faite en contradiction des conventions et statuts de COTCO, et de la Société nationale des Hydrocarbures (SNH).
Fin mars, les autorités tchadiennes ont annoncé la nationalisation de tous les actifs d’Esso Tchad, qui constituent « des actifs vitaux » pour le pays. Cette décision concerne le gisement de Doba, des concessions dans certains champs d’hydrocarbures, une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun et la vente du pétrole extrait. Savannah Energy conteste la nationalisation des actifs.
Dossier Petronas
Le Tchad, qui souhaite acquérir des actifs de Petronas, a « déposé, en accord avec cette dernière, un dossier d’agrément comprenant le contrat de session signé entre le Tchad et Petronas auprès des services en charge de la concurrence de la CEMAC ». Mais il se trouve que « seul le Cameroun n’a pas répondu aux lettres de demande d’avis de non-objection adressées par la CEMAC à chaque ministre en charge du commerce des pays membres ».
Or, cela est nécessaire pour convoquer la commission de la concurrence qui devait statuer sur l’acquisition des actifs de Petronas par le Tchad.
Le Cameroun met « à mal, dans ces dossiers et au sein de la CEMAC, les relations entre les deux pays », poursuit la présidence.
Le Tchad et le Cameroun ont une frontière commune d’environ 1.094 km. Leurs relations diplomatiques remontent à l’accession des deux pays à l’indépendance en 1960.
Avec Sputnik Afrique