Des responsables ouest-africains se rendent mardi vers le Mali, plongés dans la crise après que l’armée a arrêté le président, le Premier ministre et le ministre de la Défense dans ce que les organismes internationaux ont appelé une «tentative de coup d’État».
Le président Bah Ndaw, le Premier ministre Moctar Ouane et le ministre de la Défense Souleymane Doucoure ont été emmenés lundi dans une base militaire à Kati, près de la capitale Bamako, quelques heures après que deux membres de l’armée ont perdu leurs positions lors d’un remaniement gouvernemental. Les détentions interviennent après que l’armée a évincé en août le président Ibrahim Boubacar Keita. Ndaw et Ouane ont été chargés de superviser une transition de 18 mois vers un régime civil.
Bamako était calme mardi matin, avec des rues presque vides et des gens restés chez eux. Ndaw et Ouane étaient toujours détenus à Kati, selon Nohoum Togo, porte-parole de la coalition d’opposition M5-Rfp et source à Kati, cités par Reuters. Une délégation du principal organe décisionnel régional de la CEDEAO se rendra à Bamako mardi, ont annoncé la CEDEAO, les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne et plusieurs pays européens dans un communiqué conjoint.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré lundi soir « profondément préoccupé » par la détention des dirigeants maliens et a appelé au calme et à leur libération inconditionnelle. Le département d’État américain a également publié une déclaration appelant à leur libération. Ndaw et Ouane semblent s’être déplacés contre le contrôle de l’armée sur un certain nombre de postes clés.
Deux sources ont déclaré à Reuters que l’armée réagissait au remaniement ministériel, même si leur objectif ultime n’était pas clair. La situation pourrait aggraver l’instabilité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où des groupes islamistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique contrôlent de vastes zones du nord du désert et lancent de fréquentes attaques contre l’armée et les civils. Le Mali est en proie à la tourmente depuis qu’un précédent coup d’État en 2012 a déclenché une rébellion ethnique touareg dans le nord, qui a ensuite été détournée par des djihadistes liés à Al-Qaïda.