L’insécurité et les attaques récurrentes des éléments présumés de groupes armés non étatiques (GANE) ciblant les agriculteurs et les populations civiles auront cette année de graves répercussions sur la situation alimentaire déjà précaire de plusieurs milliers de ménages vivant dans la région de Tillabéri.
Près de 600.000 personnes sont à risque d’insécurité alimentaire, d’après les résultats préliminaires de la récente mission d’évaluation de la campagne agropastorale. Au total, plus de 445 villages seront à risque du fait de l’abandon des champs de cultures et des difficultés d’accès aux marchés. La situation est plus que préoccupante dans le département de Banibangou où plus de 79.000 personnes risque d’être en insécurité alimentaire.
En effet, entre les mois de juin et août 2021, plusieurs dizaines de paysans de la commune de Banibangou notamment, ont été froidement assassinées dans leurs champs par des éléments des GANE. En raison de cette situation sécuritaire préoccupante, les populations ont été contraintes d’abandonner leurs champs. De ce fait, la disponibilité alimentaire sera très faible dans cette zone et le pouvoir d’achat des populations vulnérables sera exacerbé.
Les facteurs amplificateurs de la crise
La tension sécuritaire qui prévaut dans la région continue d’impacter négativement le fonctionnement des marchés locaux et contribue à détériorer la situation alimentaire et nutritionnelle ainsi que les moyens de subsistance des ménages des zones concernées. Les prix sont en hausse pour toutes les denrées alimentaires à la 2ème décade du mois de septembre 2021.
Comparativement à la même période en 2020, ils sont en variation de +5,1% pour le mil, +15,5% pour le sorgho, +37,1% pour le maïs, +4,3% pour le riz et +53,1% pour le niébé, selon la direction régionale de l’agriculture. Pour rappel, les treize départements de la région de Tillabéri sont en état d’urgence, une situation assortie de mesures conservatoires liées à la fermeture de marchés et à la restriction de la circulation des personnes et de leurs biens dans les zones en insécurité, toutes choses qui ont contribué à fragiliser l’économie des ménages.
Par ailleurs, les effets de la pandémie de la Covid-19 sur la santé, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations, combinés aux conséquences des inondations de 2020 et de 2021, vont continuer à avoir des effets négatifs sur la situation alimentaire des populations déjà vulnérables et qui peinent à se relever des chocs précédents. Selon les résultats du Cadre harmonisé de mars 2021, les départements d’Abala, Ayorou, Banibangou, Ouallam, Filingué, Téra, Bankilaré, sud Say, Tillabéri et Torodi étaient déjà en situation de crise au cours de la période de soudure (juin-août 2021).
Renforcer la réponse
Au 31 août, 765.348 personnes ont pu bénéficier d’une assistance humanitaire dans divers secteurs, selon les résultats de l’atelier régional sur l’analyse des besoins humanitaires dans la région de Tillabéri, tenu le 15 septembre dernier. De ce chiffre, 259.532 personnes ont reçu une assistance en sécurité alimentaire, soit un gap de 36% représentant plus de 145.000 personnes n’ayant pas bénéficié d’assistance alimentaire dans le cadre du plan de réponse humanitaire 2021.
Aujourd’hui, beaucoup reste à faire, au regard de l’importance des besoins pour une région qui accueille déjà 101.144 personnes déplacées internes qu’il faut continuer à assister, considérant que de nouveaux déplacements sont enregistrés dans plusieurs départements. Une situation qui pose de nombreux défis contribuant à exacerber la vulnérabilité des populations. Aussi, des mesures fortes à la hauteur de l’ampleur de la situation doivent être prises par le gouvernement et ses partenaires, pour épargner la région de Tillabéri d’une crise alimentaire d’envergure.
Source OCHA