Niger : l’indispensable appui de l’UE dans la lutte contre la corruption

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A l’instar de la communauté internationale, le Niger a célébré le 9 décembre 2022, la Journée internationale de lutte contre la corruption, placée sous le thème : « Unir le monde contre la corruption ». Un thème qui met en évidence, « le lien crucial entre la lutte contre la corruption et la paix, la sécurité et le développement », a déclaré le Président de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia), M. Maï Moussa Elhadj Tassiou, dans son discours à l’occasion de la cérémonie commémorative, organisée par son Institution.

Mieux, devait-il le souligner, ce thème se veut également un rappel des engagements souscrits par les Etats Parties à la CNUCC pour agir individuellement et collectivement contre la corruption qui « constitue une des grandes causes des mauvais résultats économiques, un obstacle de taille au développement et à l’atténuation de la pauvreté ».

En effet, a souligné Maï Moussa Elhadj, « la corruption a des impacts négatifs sur tous les aspects de la société, et est profondément liée aux conflits et à l’instabilité qui compromettent le développement social et économique et sapent les institutions démocratiques et l’Etat de droit ». D’où l’impératif, selon le président de la Halcia, de mener des actions de « prévention contre la corruption, de promotion de la transparence et le renforcement des institutions si l’on veut véritablement atteindre les cibles prévues dans les Objectifs du Développement Durable (ODD) ».

C’est consciente de l’ampleur du phénomène et de la complexité du combat contre ce mal qui annihile tout effort de développement dans un pays que « la Halcia met l’accent, dans la mise en œuvre de ses actions de prévention et de lutte contre la corruption, sur la nécessaire implication de l’ensemble des acteurs (les pouvoirs publics, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les médias et les citoyens en général) afin de créer une large coalition contre la corruption ».

Dans ce noble combat contre la corruption qui est source d’exacerbation de la pauvreté et des inégalités, la Halcia bénéficie de l’accompagnement de l’Union Européenne (principal partenaire de développement du Niger) qui fait de la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ses « priorités majeures ».

C’est dans cette optique, a dit Mme Jamila EL ASSAIDI, Cheffe de Délégation adjointe de l’UE au Niger, à l’occasion de la journée du 9 décembre dernier, que « l’Union européenne a soutenu la Halcia à travers une première subvention de 400 000 EUR qui a pris fin en mi-2022 ». Cette subvention, devait-elle souligné, a « contribué à renforcer les capacités de la Halcia afin qu’elle puisse assurer de manière optimale les missions qui lui sont assignées de par la loi ».

Ainsi, grâce aux formations ciblées, menées au profit des investigateurs de la Halcia, ces derniers ont pu réaliser de façon optimale, selon la Cheffe de Délégation adjointe de l’UE au Niger, des « opérations de contrôle sur les recettes fiscales, non fiscales et douanières qui ont permis le recouvrement en 2021, de plus de 11 milliards de FCFA qui ont été versé au Trésor national ».

 Un motif de satisfaction pour l’Etat du Niger qui, grâce aux actions menées par la Halcia a pu recouvrer, aux travers de ses régies financières, cet important montant à investir dans bien d’autres secteurs prioritaires.

C’est sur la base de ces résultats encourageants, a expliqué la Cheffe de Délégation adjointe de l’UE au Niger, que l’Union européenne a décidé de « renforcer sa contribution à la lutte contre la corruption au Niger dans les années à venir ». D’ores et déjà, une nouvelle subvention de 1 300 000 EUR pour appuyer la Halcia, l’Inspection générale des finances, l’inspection générale d’Etat et l’inspection générale de l’administration territoriale a été signée.

La Représentante de l’Union Européenne en République du Niger a mis à profit cette journée dédiée à la lutte contre la corruption pour demander « encore plus d’engagement aux autorités politiques nigériennes, aux structures de contrôle interne et externe et au Ministère de la Justice pour qu’elles mènent une lutte efficace et sincère contre la corruption et contre l’impunité ».

Pour la Cheffe de Délégation adjointe de l’UE au Niger, « les rapports de ces institutions et structures doivent systématiquement avoir une suite par les institutions compétentes ». C’est pourquoi il est important, a-t-elle déclaré, de « promouvoir la mise en œuvre d’un mécanisme intégré de suivi des recommandations de toutes les structures et institutions de contrôle pour une meilleure redevabilité et gouvernance financière ».

Dans ce combat contre la corruption et pour la promotion de la bonne gouvernance, le Gouvernement, par la voix du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Ikta Abdoulaye Mohamed, s’est dit conscient de l’impérieuse nécessité de combattre le phénomène, d’où l’option prise d’« intégrer la dimension lutte contre la corruption dans ses priorités de développement définies dans le programme de développement économique et social (PDES), qui est le cadre de référence de la Politique économique et sociale du pays et du Plan de réformes de gestion des finances publiques », a indiqué le Ministre Ikta Abdoulaye. 

Du reste, a-t-il indiqué, « investir dans la lutte contre la corruption renferme des retombées économiques pour favoriser le développement, car ceci permet de libérer des ressources financières importantes pouvant impacter positivement l’atteinte des objectifs de développement durable ».