Niger : 2020, une année fortement électrique !

0
2063
(Image d'illustration) Inondations au Niger

A quelques mois des élections générales qui débutent en décembre prochain, le Niger [dirigé par Mahamadou Issoufou depuis 2011] est confrontés à plusieurs problèmes inextricables.

La gestion de la pandémie du COVID 19, qui n’a pas épargné le pays, est une source de préoccupation majeure qui donne lieu, chaque semaine, à une communication officielle du gouvernement. Avec l’installation de l’hivernage, l’addition se corse désormais. Depuis plusieurs semaines, des inondations sont enregistrées ici et là, affectant de nombreux ménages nigériens. Quasiment toutes les régions du pays en sont victimes.

Le point de la situation dressé par le Conseil des ministres du 24 août 2020  est aussi lourd qu’inquiétant (lire le point ici). Le 27 août, de nombreux dégâts ont été encore enregistrés suite à des pluies diluviennes à Timia (Agadez), N’guigmi, (Diffa), Ayorou (Tillabéri), mais aussi dans certains quartiers de la Rive droite, le 5e arrondissement de la capitale.

Toujours dans la même journée du 27 août, les autorités de la région de Niamey ont publié un communiqué pour appeler les populations riveraines du fleuve menacées par la montée des eaux à abandonner leurs maisons, avant que l’irréparable ne se produise. « Face à la crue exceptionnelle du fleuve, la ville de Niamey demande aux populations riveraines du fleuve [Niger], (…) d’évacuer leurs maisons », peut-on lire dans le communiqué.

Inondations et risque de crise alimentaire

Au regard des dégâts provoqués par ces inondations exceptionnelles, le Niger dont les frontières terrestres sont actuellement fermées à cause de la pandémie du COVID 19, risque d’être confronté à une nouvelle crise alimentaire. La menace est réelle avec la destruction, par les eaux, de plusieurs centaines d’hectares de cultures et la perte de milliers de têtes de bétail. C’est dire que la campagne agropastorale du pays s’annonce aléatoire, en cette veille des consultations électorales.

Une difficulté supplémentaire, les bras valides qui vont en exode dans les pays de la sous-région ne pourront plus y aller à cause de la fermeture des frontières. Les éleveurs aussi ne pourront pas franchir les frontières pour la traditionnelle transhumance. En décembre 2019, les Nations Unies ont lancé une alerte sur l’urgence humanitaire au Niger et dans le Sahel. Selon la sous-secrétaire adjointe aux Nation Unions chargée des affaires humanitaires, plus de 2,9 millions de personnes auront besoin d’aide d’urgence en 2020.

Des problèmes à la pelle

D’une année à l’autre, les problèmes s’accumulent au Niger, un pays régulièrement classé dernier depuis près d’une décennie dans le classement des Nations Unies sur l’Indice de développement humain. Sur le plan sécuritaire, la situation n’est guère reluisante. Selon certains analystes, elle ne changera pas d’ici décembre 2020.

Par le passé, les attaques perpétrées par des individus appartenant à des groupes  armés non étatiques ont conduit la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à suspendre l’opération d’enrôlement biométrique des électeurs dans certaines localités de la région de Tahoua et celle de Tillabéri. Une insécurité qui reste encore vivace dans les régions de Diffa, Tillabéri, Tahoua où des terroristes et d’autres groupes armés mènent régulièrement des attaques meurtrières contre les populations et les positions de forces de défense et de sécurité.

Les enlèvements de personnes et leurs biens à Maradi, Tahoua et même à Dosso sont encore d’actualité. Il faut ajouter à ce sombre tableau une autre menace dans la partie septentrionale du Niger. Laquelle menace est relative notamment à des activités criminelles menées par des narcotrafiquants et autres groupes armés dans l’indifférence du pouvoir central et ses partenaires extérieurs engagés dans la lutte.

C’est dans ce contexte difficile qu’un groupe de Nigériens vient d’annoncer la création d’un mouvement politico-armé hostile à la gestion du régime du président Issoufou Mahamadou. Il s’agit de l’Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République qui a vu le jour dans les sables du Ténéré, non-loin de la frontière libyenne avec pour ambition de fédérer les mécontents de tous bords.

Le mouvement est composé de jeunes frustrés par les pratiques du régime du président Mahamadou Issoufou, particulièrement de soldats et officiers injustement radiés par la hiérarchie de l’armée nigérienne et qui aurait rallié le mouvement de Mahmoud Sallah, un opposant au président Issoufou Mahamadou. Certains opposants de Bazoum Mohamed, candidat du parti au pouvoir, auraient déjà, eux aussi, rejoint ce groupe politico-militaire.

Insécurité, rébellion, mal-gouvernance : un cocktail explosif !

La création de ce mouvement politico-militaire intervient alors que le 1er tour des élections présidentielles et législatives est prévu pour le 27 décembre prochain. Dans un contexte de climat politique très tendu, marqué notamment par le boycott persistant du Conseil national du dialogue politique (CNDP) et de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) par les partis membres de l’opposition.

Les opposants nigériens dénoncent en l’occurrence la composition de la Cour constitutionnelle qu’ils qualifient de partisane. Le pourrissement du climat politique à la veille des prochaines élections est aussi marqué par des remous au sein de la mouvance présidentielle, plus précisément au sein du PNDS-Tarayya, le principal parti au pouvoir. Le candidat du parti à la présidentielle vient de perdre un soutien de taille dans la région de Tahoua.

La coordination de Malbaza et son président Idi Ango Abdoul Aziz ont quitté le parti rose. Ce proche du président Issoufou ne s’entend pas avec Bazoum, selon une source proche du parti. Il faut aussi noter le départ de maire d’Iférouane, village natif du Premier ministre Brigi Rafini. L’ancien maire d’Agadez, Rhissa Feltou, a également quitté le parti rose pour rejoindre les rives du PJP-DOUBARA du Général à la retraite Salou Djibo.

Lire aussi : Mondafrique dévoile le somptueux palais du trafiquant Petit Boubé

D’autres formations politiques, alliés du régime, sont également dans la tourmente. C’est le cas de MNSD-Nassara de Seïni Oumarou et du MPR Jamhuriya d’Albadé Abouba. Le principal parti de l’opposition, à savoir le MODEN FA Lumana de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, traverse, quant à lui, une situation conflictuelle depuis que la justice a reconnu Noma Oumarou comme seul et unique président par intérim du parti.

En 2021, Issoufou Mahamadou parviendra-t-il à imposer son dauphin Bazoum, avec qui il a dirigé le pays ? Laquelle gestion marquée de bout en bout par la malgouvernance, des détournements ahurissants de deniers publics à l’image du scandale au ministère de la Défense nationale portant sur plusieurs dizaines de milliards de francs cfa et dans lequel sont impliqués des opérateurs économiques proches du régime.

Au nom de l’impunité, les responsables des malversations circulent encore librement. Pendant que d’honnêtes citoyens, notamment des opposants politiques et acteurs de la société civile croupissent injustement en prison sans jugement.