L’Union européenne a imposé des sanctions financières et de voyage à la société paramilitaire russe Wagner pour avoir commis de « graves atteintes aux droits humains », au Mozambique, au Soudan, en République centrafricaine, en Libye, en Syrie et en Ukraine, rapporte le Daily Maverick.
Lors de l’annonce des mesures de sanctions lundi, le Conseil de l’UE a indiqué que « le groupe Wagner a recruté, formé et envoyé des agents militaires privés dans les zones de conflit du monde entier pour alimenter la violence, piller les ressources naturelles et intimider les civils en violation du droit international, y compris le droit international des droits de l’homme ».
Le Conseil européen a annoncé lundi qu’il imposait des gels d’avoirs et des interdictions de voyager à Wagner lui-même, ainsi qu’à huit personnes et trois entités qui lui sont liées. « Le groupe Wagner est une entité militaire privée non constituée en société basée en Russie, qui a été créée en 2014 en tant qu’organisation successeur du Corps slave », a déclaré l’UE dans un communiqué.
« Il est dirigé par Dimitriy Utkin et financé par Yevgeny Prigozhin. Par la création d’entités locales, et avec le soutien des collectivités locales, le Groupe Wagner finance et conduit ses opérations. Le groupe Wagner est responsable de graves violations des droits humains en Ukraine, en Syrie, en Libye, en République centrafricaine (RCA), au Soudan et au Mozambique, qui incluent la torture et les exécutions et meurtres extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires », indique l’UE.
Entre autres personnes touchées par ses sanctions de l’UE, figure le fondateur du groupe Wagner Dimitriy Utkin, qui, selon l’UE, était un ancien officier du renseignement militaire russe (GRU). Selon le Conseil européen, Utkin était « responsable de la coordination et de la planification des opérations pour le déploiement des mercenaires du groupe Wagner dans divers pays ».
« Dans son poste de commandement au sein du groupe Wagner, il est responsable de graves atteintes aux droits humains commises par le groupe, notamment des actes de torture et des exécutions et meurtres extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Cela inclut la torture à mort d’un déserteur syrien par quatre membres du groupe Wagner en juin 2017 dans le gouvernorat de Homs, en Syrie. Selon un ancien membre du groupe Wagner, Dimitriy Utkin a personnellement ordonné la torture à mort du déserteur ainsi que le tournage de l’acte », indique l’UE.
L’UE a également mis sur la liste des personnes sanctionnées, Valery Zakharov, qui, selon elle, était un ancien membre de la sécurité de l’État russe (FSB) et est désormais le conseiller en sécurité du président de la République centrafricaine (RCA). « Il est une figure clé de la structure de commandement du groupe Wagner et entretient des liens étroits avec les autorités russes », assure les européens.
« Compte tenu de sa position influente en RCA et de son rôle de premier plan dans le groupe Wagner, il est responsable de graves violations des droits humains commises par le groupe Wagner en RCA, qui comprennent des exécutions et des meurtres extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. Cela inclut le meurtre de trois journalistes russes en 2018, dont la sécurité était sous la responsabilité de Valery Zakharov », soutient le communiqué. Les trois journalistes enquêtaient sur les activités de Wagner en RCA lorsqu’ils ont été abattus dans une zone rurale reculée.
Wagner aurait également joué un rôle clé dans la guerre civile libyenne, combattant aux côtés du commandant militaire Khalifa Haftar qui a mené une attaque contre le gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli en avril 2019. Bien que toutes les troupes étrangères, y compris les mercenaires, soient censées avoir quitté la Libye en vertu d’un accord de paix signé l’année dernière, selon certaines informations, Wagner serait toujours dans le pays.
Il est récemment apparu que le nouveau gouvernement militaire du Mali discutait avec Wagner du remplacement des troupes françaises que Paris a décidé de retirer. Les troupes françaises ont sauvé le Mali de l’envahissement par les extrémistes islamistes violents et les sécessionnistes du Nord en 2013, mais le président Emmanuel Macron a annoncé cette année que la France commencerait à retirer une partie de ses troupes, laissant au Mali et à d’autres pays européens le soin de combler le déficit.