La Cellule Norbert Zongo (CENOZO) pour le journalisme en Afrique de l’Ouest organise du 26 au 28 avril 2023, à Niamey, une Conférence régionale sur le journalisme d’investigation et la lutte contre la corruption. L’objectif principal étant de renforcer la transparence et la redevabilité en Afrique de l’Ouest en maximisant l’impact d’un journalisme d’investigation de qualité sur la lutte contre la corruption.
Première du genre, cette rencontre qui regroupe une cinquantaine de journalistes venus de plus de dix pays et une dizaine de responsables d’organisations de la société civile se veut un espace de dialogue, de partage d’expériences et de réflexion collective sur l’assainissement de la gestion des ressources publiques pour un développement inclusif et durable en Afrique de l’Ouest, a indiqué Moussa Aksar, Président du Conseil d’Administration de la CENOZO.
Selon lui, cette conférence a été initiée dans la droite ligne de la lutte, entrant dans le cadre de la protection des droits humains et de la promotion de la responsabilité démocratique, que mène la CENOZO depuis sa création.
« Nous avons estimé que, en tant que réseau de journalistes d’investigation de la sous-région, en tant que centre d’investigation et de renforcement des capacités des journalistes pour contribuer à la lutte contre la corruption, nous devons aller au-delà des enquêtes que nous publions », a affirmé Moussa Aksar.
Plus de coopération pour une lutte efficace
Relevant la nécessité de sensibiliser et de rassembler toutes les parties prenantes dans la lutte contre la corruption, la CENOZO « voudrait faire des institutions nationales et des OSC des partenaires effectifs pour plus de suites aux investigations que mènent ses membres dans les 15 pays de la CEDEAO et en Mauritanie », a révélé M. Aksar.
« Nous sommes résolument engagés pour une synergie d’actions dans laquelle les publications des journalistes ne resteront pas des feux de paille, mais suscitent plutôt des prises effectives de relais par la société civile et l’auto-saisine des institutions nationales de lutte contre la corruption », a-t-il ajouté.
Pour sa part, Mme Fatima Jumaine, Coordinatrice Nationale de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) au Niger, estime que cette initiative constitue une nouvelle étape essentielle dans l’évolution du journalisme d’investigation et dans la prévention et la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest.
« La région qui nous occupe a connu des changements dans son paysage politique et institutionnel au cours des deux dernières décennies, notamment à travers la mise en place dans plusieurs pays d’institutions chargées d’assainir la gouvernance », se réjouit-elle. La coordinatrice de l’ONUDC note, en outre, que des avancées notables sont observées dans la prévention et la répression des pratiques de corruption et des infractions assimilées et l’ancrage progressif de la liberté d’expression et de la presse. Cependant, révèle-t-elle, l’Afrique de l’Ouest est toujours confrontée à des défis importants en matière de transparence et de responsabilité dans la gestion publique, alors que la Convention des Nations Unies contre la corruption fête cette année son vingtième anniversaire.
« Je suis intimement convaincue que la liberté et l’indépendance journalistiques, respectant des normes de qualité élevées, sont essentielles dans un état de droit et permettent aux journalistes de mieux connaître et de mieux enquêter sur les affaires qui affectent leurs pays respectifs ou revêtent un aspect plus global. Cela leur permet de contribuer à la promotion de la démocratie et de replacer la redevabilité au centre des débats », a déclaré Fatima Jumaine.
Saluant « vivement » l’organisation de cette conférence, la Coordinatrice de l’ONUDC pense, par ailleurs, que « une coopération régionale plus accrue nous permettra d’identifier les meilleures pratiques existantes, dans la région mais également au-delà, tout comme les écueils à éviter, de partager vos expériences respectives et de permettre l’essor du journalisme d’investigation dans les pays qui nous entourent ».
Un engagement commun pour le Niger et la CENOZO
La lutte contre la corruption et les infractions assimilées fait partie des priorités de l’État du Niger et de ses plus hautes autorités, a indiqué Sahirou Tchida Moussa, Secrétaire général du Ministère de la justice.
Au regard des effets pervers de la corruption sur la crédibilité des institutions de la République, « il est important d’avoir un engagement continu pour combattre ce fléau », souligne Sahirou Tchida Moussa qui rappelle « qu’à l’instar de la majorité des pays de la sous-région, le Niger s’est doté d’institutions de promotion de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption ».
Dans son allocution, le Président de la HALCIA, Mai Moussa Elhadji Bashir a affirmé que cette initiative traduisant « un engagement clair et affiché de la CENOZO dans la lutte contre la corruption a été hautement appréciée par la HALCIA ». Pour lui, la CENOZO est un « partenaire assez stratégique du fait que ses membres constituent les principaux lanceurs d’alertes et dénonciateurs des actes de corruption ».
Mai Moussa Elhadji Bashir de mentionner que « l’organisation de la présente conférence s’inscrit dans la droite ligne de l’exécution de recommandations de la Convention des Nations-Unies dont le Niger est partie prenante depuis 2008 ».
A noter que cette rencontre, organisée en collaboration avec la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) et l’ONUDC, permettra également à la CENOZO de renouveler ses instances dirigeantes.