Dimanche 27 décembre 2020, plus de 7 millions de nigériens sont appelés aux urnes pour élire le prochain président de la République. Pendant que le pays s’apprête à vivre une transition démocratique inédite de son histoire, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) prend les dernières mesures pour éviter des cas de fraudes.
Au terme de ses deux mandats constitutionnels, Issoufou Mahamadou cède le fauteuil présidentiel. « Je ne briguerai pas un troisième mandat », a-t-il martelé à plusieurs occasions. S’il est vrai que les nigériens croient en la sincérité du président Issoufou de ne pas se maintenir au pouvoir, ils l’attendent fermement sur sa neutralité dans le processus électoral encours. Déjà des questions se posent sur le réel dauphin du président sortant.
Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir, donné grand favoris de cette présidentielle n’est pas le seul proche collaborateur du chef de l’Etat a être dans la course à la magistrature suprême. Il y a aussi Albadé Abouba, ancien ministre de l’Intérieur et ancien premier ministre par intérim sous le régime du feu président Tandja et ancien ministre d’Etat, ministre l’Agriculture et de l’élevage sous le régime Issoufou.
Très discret dans sa stratégie politique, Albadé Abouba est l’un des rares proches collaborateurs du président Issoufou à ne pas soutenir, sans pour autant perdre des plumes, la candidature de Bazoum présenté, à tort ou à raison, comme le dauphin légitime du président sortant. Albadé Abouba serait-il donc le plan « B » d’Issoufou Mahamadou ? Mohamed Bazoum aurait-il forcé la main à Issoufou pour s’imposer comme son dauphin à la présidence ?
Une élection ouverte mais avec des risques de fraude ?
La présidentielle de décembre 2020 au Niger est la plus disputée de l’histoire démocratique du pays. Avec plus de 40 candidatures déclarées dont 30 officiellement en lice (11 candidatures invalidées dont celui du principal opposant Hama Amadou), le scrutin présidentiel de ce 27 décembre 2020 est selon le journaliste d’investigation, Moussa Aksar, très ouvert.
« Les élections sont ouvertes et il y aura probablement un second tour contrairement à ce que disent certains analystes », a déclaré Moussa Aksar dans un entretien accordé à une télévision française. « Faut-il craindre des risques de fraude ou d’embrassement ? » A cette question, le journaliste d’investigation estime qu’il faut rester à la fois prudent et optimiste malgré les poches de fraudes signalées lors des élections municipales et régionales du 13 décembre 2020.
Pour éviter des cas de fraudes, la CENI prend les dernières mesures. Dans un communiqué le 26 décembre 2020, l’instance en charge de l’organisation des élection a interdit l’utilisation d’arme, d’appareils photo, d’articles ou documents à caractère électoral dans les bureaux de vote. Même si pour certains citoyens, cette mesure n’a aucun fondement légal, elle vise à éviter des cas de fraudes qui pourraient influencer l’issue du scrutin.
Vers une transition démocratique électrique !
Le Niger retient son souffle. « Qui sera le prochain président du Niger ? » La question se pose à tous les coins de rue. A Niamey, le sujet déchaine parfois les passions dès que la polémique sur la nationalité de Bazoum est évoquée. Mais les tensions se calment quand certains leaders d’opinions se veulent optimistes sur la maturité du peuple nigérien pour désigner en toute responsabilité et en toute connaissance de cause un président digne de sa destiné. Sauf que là, il faut compter sur la neutralité et l’esprit républicain des institutions en charge de l’organisation des élections.
Depuis le début du processus électoral, l’opposition politique nigérienne est restée très critique vis-à-vis des acteurs en charge de l’organisation des élections. Après avoir refusé de siéger au sein de la CENI, l’opposition politique nigérienne a rejeté le rapport d’audit du fichier électoral réalisé par l’Organisation international de la francophonie (OIF) avec le Soutien de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Selon les acteurs de l’opposition, la confession du fichier électronique biométrique est émaillée de nombreuses irrégularités dont les observations n’ont pas été prises en compte dans le rapport d’audit.
Mais lors de la campagne électorale, la fiabilité ou non du fichier électoral, est très peu évoqué. Le discours politique des opposant au régime Issoufou s’est cristallisé autour de la légitimé de la candidature de Mohamed Bazoum accusé d’avoir fraudé sur son certificat de nationalité même si la Cour constitutionnelle a rejeté « en bloc » les requêtes de plusieurs candidats à la présidentiels pour l’invalidation de sa candidature.
Si au soir du scrutin de ce 27 décembre 2020, Mohamed Bazoum est déclaré élu, la transition politique sera-t-elle pacifique ? La question se pose.