Après Imouraren une nouvelle arnaque minière touche le Niger

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A sign for an Areva uranium mine is seen close to Imouraren, September 25, 2013. Picture taken September 25, 2013. To match Special Report NIGER-AREVA/ REUTERS/Joe Penney (NIGER - Tags: ENERGY)

« Une mine est un trou dans le sol appartenant à un menteur » Mark Twain

En janvier dernier au travers des déboires de la Somida nous décrivions les méthodes utilisées par des escrocs pour profiter de licences minières au Niger [1]. La situation n’a pas beaucoup évolué, pays pauvre par excellence, le Niger n’a pas les moyens de se défendre et de porter les scandales devant une cour internationale. Aucune police internationale ne vient à son secours. Le bal des prédateurs n’en finit pas et les ONG qui pullulent en Afrique de l’Ouest ne font strictement rien pour dénoncer la moindre affaire.

Seule la presse locale peut encore mettre en lumière ces manipulations et nous allons le démontrer une fois de plus.

L’ex président Bazoum avait déjà retiré la licence d’Imouraren à Orano au travers de la convention d’abandon signé le 4 mai 2023 et publiée sur le site du ministère des mines. Le gouvernement actuel n’a fait que confirmé la décision précédente et rajouter à la liste la licence de Goviex. Depuis Madame Lauvergeon a été définitivement mise en examen pour délit d’entrave à la mission des commissaires aux comptes[2]. Cette inculpation vient se rajouter à celles pour présentation de faux bilans et diffusion d’informations trompeuses.

Certes elle a droit à la présomption d’innocence mais on ne peut que constater que personne ne porte plainte contre le Gouvernement nigérien contrairement aux déclarations d’Orano :

« Malgré cette décision du gouvernement nigérien, Orano a assuré être « disposé à maintenir ouverts tous les canaux de communication avec les autorités du Niger sur ce sujet, tout en se réservant le droit de contester la décision de retrait du permis d’exploitation devant les instances judiciaires compétentes, nationales ou internationales ».[3]

Personne ne souhaite reprendre les licences de Goviex ou d’Orano, même pas pour le franc symbolique. Cette reprise implique d’investir en exploration dans des licences dont les géologues savent depuis longtemps qu’elles n’ont aucune valeur. Leur seul mérite étant de maquiller les bilans de sociétés minières.

La presse française et Le Monde en particulier vont pourtant essayer de donner le change au travers de publication plus ou moins aberrantes. Ainsi Philippe Escande, éditorialiste au Monde annonce qu’Imouraren est la plus grande mine de la planète avec 200 000 tonnes de réserves dont il est incapable de donner la classification, tout en précisant dans le même article que son abandon ne pose pas de problème à Orano. Comme si la société n’avait pas de bilan.[4]

Acculé par la nécessité de publier des résultats semestriels conformes aux règles comptables en vigueur le Groupe Orano tire un trait officiel sur le mirage Imouraren le 26 juillet dernier. La licence minière disparait de son bilan et plonge les comptes dans le rouge à hauteur de 162 MEUR[5].

Rassurez-vous Imouraren n’est pas complètement morte, son cadavre ressuscite avec la bande à Dattels et Myriad Uranium. Peu de gens connaissent cette société au Niger même si elle emploie Adamou Ousmane, un ancien géologue de la Cominak.

La société bénéficie des mêmes supports d’analyse qui travaillent pour Stephen Dattels et on peut lire les commentaires suivants à son sujet [6]

« Outre Global Atomic, GoviEx, ENRG Elements et Myriad Uranium sont d’autres petites sociétés cotées en bourse qui explorent l’uranium au Niger. Alors que Global Atomic est déjà évalué à environ 700 millions de dollars canadiens, la société australienne ENRG Elements a une valorisation d’un peu plus de 20 millions de dollars canadiens. Myriad Uranium ne pèse qu’environ la moitié de ce chiffre – et cela malgré des données clés convaincantes. Par exemple, Myriad Uranium contrôle plus de 1 800 km² de terres, soit environ 2,5 fois plus que les éléments ENRG. »

Sur le site internet de Myriad uranium nous constatons que comme d’habitude les actifs sont d’intérêt majeur :

« Nos licences d’exploration exceptionnelles dans le bassin de Tim Mersoi, au Niger. Adjacent et structurel à des mines et gisements de classe mondiale comme Imouraren et Somaïr (Orano), Dasa (Global Atomic) et Azelik (CNNC). »[7]

Ces licences sont proches de celles d’Areva/Orano donc elles ne peuvent que contenir de l’uranium. Il n’y a aucune base géologique et la démonstration de la valorisation s’arrête là. Et pourtant après l’affaire de la Somida, Myriad uranium annonce bénéficier d’une vente d’action pour un montant de 1 million de dollars au bénéfice de la holding Regent Mercantile sise aux Bermudes. La holding de contrôle de la bande à Dattels.

Un an après l’instauration du CNSP et malgré les efforts entrepris par le ministère des mines pour mettre un terme aux escroqueries les plus notables, nous ne pouvons que constater que rien n’empêche des personnes parfaitement connues des services de police français et américains de faire de l’argent sur le dos des nigériens à partir des Bermudes.

Marc Eichinger


[1] CHRONIQUE DE LA SOMIDA, QUAND DATTELS SEVIT AU NIGER – L’événement Niger (levenementniger.com)

[2] Rachat d’Uramin par Areva : Anne Lauvergeon mise en examen pour délit d’entrave – Le Parisien

[3] Le Niger retire à l’entreprise française Orano le permis d’exploitation d’une grande mine d’uranium (lemonde.fr)

[4] Uranium : « L’espoir de la mine Imouraren s’envole et avec c’est l’adieu au Niger qui se dessine pour la France nucléaire » (lemonde.fr)

[5] Résultats semestriels 2024 | Orano

[6] Opportunité à court terme à 100 % – L’uranium se redresse : Global Atomic, Myriad Uranium, Rio Tinto (news.financial)

[7] Myriad Uranium Corp.