Niger : L’action gouvernementale évaluée en termes de consommation des crédits d’investissement

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Le mercredi 13 avril 2022, le premier ministre nigérien a présidé à Niamey une rencontre d’échanges entre les membres du Gouvernement et les partenaires techniques et financiers (PTF), sur la performance de l’action gouvernementale. L’objectif était de partager les résultats du rapport annuel de l’évaluation de la performance de l’action gouvernementale en termes de consommation des crédits d’investissement sur financements extérieurs. Bien que le rapport ait relevé des progrès significatifs, il y a quand même fait ressortir des insuffisances à améliorer. Plusieurs recommandations ont été faites à cet effet.

Dans son propos liminaire, le premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, a indiqué que cette rencontre s’inscrit dans la tradition d’échanges avec les PTF sur les résultats du rapport annuel relatif à la performance de l’action gouvernementale. « Ce rapport matérialise la volonté d’amélioration de la gestion de l’action publique et du renforcement de la redevabilité vis-à-vis des citoyens », a-t-il déclaré. Le chef du Gouvernement a, par la suite, souligné que le contexte de mise en œuvre de l’action gouvernementale en 2021 a été marqué par des défis d’ordre sécuritaire, économique, sanitaire, climatique et politique.

Des progrès enregistrés

Dans le rapport d’évaluation des performances de l’action gouvernementale, il est noté des progrès importants dans les domaines de la vie sociopolitique et économique du Niger. Au titre de ces progrès, il y a le renforcement des capacités stratégiques et opérationnelles des forces de défense et de sécurité « grâce aux actions de recrutement et de formation de personnels, de construction d’infrastructures et d’acquisition de matériels d’intervention ». Selon le premier ministre, « ceci a significativement contribué à assurer la défense de l’intégrité du territoire, la sécurité publique et la cohésion sociale ».

Au plan de la gouvernance, le rapport a évoqué l’installation des institutions de la République et des Conseils locaux issus des élections de 2020 – 2021, les réformes pour améliorer la mobilisation des ressources internes et externes, la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique. Sur le plan éducatif, il est mentionné le renforcement des capacités d’accueil et de développement des compétences des enseignants qui « ont contribué globalement à l’amélioration des indicateurs d’accès et de qualité au niveau des cycles des enseignements moyen, supérieur, technique et professionnel ».

Plusieurs autres progrès ont été mentionnés par le Coordonnateur de la Cellule d’Analyse des Politiques Publique et d’Evaluation de l’action Gouvernementale (CAPEG), Abdoulahi Garba. Il s’agit, entre autres, de la réalisation des ouvrages d’adduction d’eau, l’augmentation des intrants agricoles, l’organisation des campagnes de vaccination et la mise à disposition d’aliments pour bétails ainsi que l’amélioration des rendements des terres et l’augmentation de production animale. 

Les aspects liés à la gestion des ressources naturelles (pétrole, mines, etc.) ne sont pas occultés dans le rapport. A en croire Abdoulahi Garba, il y eu la délivrance des licences des importations et des exportations, les autorisations exclusives de recherches pétrolières et l’octroi des permis de recherches d’exploitation minière, l’installation des nouvelles usines d’affinage d’or. « En termes de résultats, la contribution du pétrole a augmenté à cause de la performance au niveau de la SORAZ », a-t-il souligné.

Des Insuffisances et contraintes

Bien que des progrès ont été enregistrés, il ressort du rapport que la performance de l’action gouvernementale peut être améliorée en trouvant des solutions à certaines faiblesses qui handicapent la mise en œuvre efficace des politiques publiques. En effet, plusieurs insuffisances et contraintes ont été relevées dans le rapport, notamment l’insuffisance de mécanismes de suivi-évaluation, la faiblesse de consommation des crédits et le problème d’exhaustivité des réalisations des projets financés par les PTF. Il y’a aussi le déficit de la campagne agricole 2021 qui s’est traduit par une situation d’insécurité alimentaire, ont expliqué le premier ministre et le coordonnateur de la CAPEG. Cette crise, selon le chef du gouvernement, expose près de 4 millions de Nigériens à l’insécurité alimentaire.

Aussi, au niveau du cycle de base, les indicateurs d’accès ont relativement baissé par rapport à 2020, a souligné le premier ministre. Selon lui, cela est relatif au contexte sécuritaire qui a entrainé la fermeture de 676 écoles et la diminution de la fréquentation dans les zones les plus exposées.

Des recommandations

Des recommandations, liées aux différentes contraintes soulignées par le rapport été formulées. Ainsi, il a été recommandé de renforcer davantage les capacités des acteurs clés de mise en œuvre des programmes ; renforcer les cadres de mesure de performance des programmes ; améliorer la consommation des crédits d’investissement.

Par ailleurs, relativement à la faible consommation des crédits d’investissements, le premier ministre a indiqué que le Gouvernement, envisage, d’ores et déjà, de prendre des mesures fortes pour prendre en charge ce problème, notamment par l’amélioration du processus de mise en vigueur des projets, l’amélioration de la performance des unités autonomes de gestion des projets et le renforcement des capacités de formulation des projets bancables.

En outre, selon lui, du côté de partenaires, il est attendu des diligences par rapport à un certain nombre d’aspects. Il s’agit de retard de rédaction aux sollicitations pour des approbations et des avis de non objection ; la non exhaustivité dans la prise en compte des réalisations, notamment pour les projets à gestion directe ; le problème de concordance entre le calendrier de programme budgétaire global et le processus d’approbation des budgets des projets et programmes.

L’engagement des partenaires réitéré

A noter que lors de la rencontre, la Représentante résidente de la délégation de l’Union Européenne, Denisa Elena Lonette, et la Coordonnatrice du système des Nations-Unies, Marie Louise Aubin, ont, tour à tour, pris la parole pour donner leurs observations du rapport. Elles ont respectivement salué le travail de la CAPEG ayant facilité la visualisation et la compréhension de l’action gouvernementale tout en réitérant la disponibilité des institutions qu’elles représentent à accompagner le Niger.

« Nous pouvons tous faire mieux, d’un côté pour une meilleure efficacité et transparence dans nos interventions, et de l’autre pour que les résultats sur le terrain soient améliorés », a déclaré Denisa Elena Lonette. Elle a réitéré la disponibilité des partenaires qu’elle représente à continuer les échanges « sur la planification, la priorisation, le ciblage, le séquençage et l’alignement pour un dialogue productif, efficace et constructif ».

Pour sa part, la Coordonnatrice du système des Nations-Unies estime que le renforcement de certaines institutions « permettra en moyenne et longue termes une redevabilité accrue face aux populations ». Elle a souligné les efforts et la volonté du système des Nations-Unies à mettre « en parfait alignement » son futur plan de coopération, qui est un plan quinquennal, qui sert majoritairement à suivre les axes stratégiques décidés par le gouvernement. « La proposition des projets et des programmes doivent s’aligner parfaitement avec les objectifs stratégiques déclinés dans le plan quinquennal des Nations-Unies », a-t-elle appelé.

Le ministre nigérien des Finances a appelé pour une évaluation de toutes les procédures et la consolidation des acquis, mais aussi à envisager des corrections « pour que les insuffisances relatées par la CAPEG ne puissent pas être des obstacles, mais voir comment évoluer et rapidement mettre fin à cette faiblesse perpétuelle et structurelle de la consommation des crédits sur financements extérieurs ».