Le Président du CICR au Niger : « le changement climatique et ses effets demandent une action encore plus importante »

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Peter Maurer lors de sa conférence de presse à Niamey

En visite de travail au Niger, Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a souligné l’importance d’intensifié les actions dans le pays et au Sahel pour conter le changement climatique et ses effets dévastateurs sur les populations vulnérables.

Du 07 au 10 février 2022, le Président du Comité Internationale de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a séjourné au Niger où il s’est entretenu avec les autorités gouvernementales à Niamey ainsi qu’avec celles régionales à Agadez, Diffa et Tillabéry. Au terme de ce séjour, il a échangé avec les journalistes sur la situation humanitaire au Niger et dans le Sahel. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée avec le Directeur Afrique du CICR, Patrick Youssef ; et le chef de la délégation du CICR au Niger, François Moreillon.

Au cours de la conférence de presse, Peter Maurer a exprimé ses inquiétudes sur la situation humanitaire au Niger et dans les pays du Sahel, secoués par diverses crises : conflits armés, pauvreté, pandémie de la Covid-19, changement climatique et ses effets, etc. « Au cours de ma visite, j’ai senti combien le changement climatique et ses effets demandent une action encore plus importante, encore plus soutenue et peut-être un peu différente par rapport à l’action qu’on a eue par le passé et qui est une action plus traditionnelle », a déclaré Peter Mauruer.

« Si je dis différente, poursuit-il, c’est que j’appelle vraiment la communauté internationale à soutenir, non seulement avec le crédit de développement avec lequel elle a toujours soutenu les pays du Sahel, mais aussi de faire un effort particulier pour mobiliser les ressources mises à disposition pour lutter contre le changement climatique aussi pour les pays sahéliens».

Selon le patron du CICR, les ressources de la communauté internationale axées sur le changement climatique sont prioritairement dépensées dans des situations plus stables, dans des économies plus développées pour aider ces économies, à quelque part, devenir plus vertes et plus durables. « Dans ces crédits, on oublie très souvent les pays tels que le Niger, le Sahel dans son ensemble, qui sont particulièrement affectés », s’est-il indigné.

Au cœur des réalités du terrain

Durant son séjour, Peter Maurer a effectué des visites terrain, notamment à Agadez, avec la délégation suisse, puis à Tillabéri et à Diffa, des zones d’intervention prioritaires du CICR. L’objectif pour le premier responsable du CICR est de s’imprégner de la situation humanitaire et constater les actions de son organisation sur le terrain afin d’en mesurer l’adéquation avec ladite situation.

Au Niger, le CICR a un programme important de stabilisation économique et sociale, d’assistance dans le domaine de la santé, de l’eau et de la crise alimentaire. « Le CICR est depuis des semaines en train d’augmenter la réponse par rapport à la crise alimentaire. On espère encore élargir de quelques millions cette réponse et en même temps trouver certaines solutions de financements innovants », a déclaré le président du CICR qui a constaté un « travail important » dans toutes les régions dans la mise en œuvre du programme de réhabilitation physique des personnes handicapées du CICR.

Selon lui, la réhabilitation des personnes handicapées est un travail important qui se fait dans toutes les régions du Niger. « Je suis impressionné par beaucoup des progrès qui ont été faits dans l’action du CICR dans le pays. Cela reflète une excellente relation avec les autorités nationales et locales. Cela reflète aussi le contact très proche avec les populations affectées par les conflits», s’est-il réjoui.

Aussi, le Président du CICR dit être marqué par l’importance que prend l’approche de création de résilience des communautés dans la pensée des victimes et des bénéficiaires qu’il a eu à rencontrer dans les régions de Tillabéri et Diffa. « Personne ne veut être dépendant d’aide humanitaire dans un camp des déplacés. Je pense qu’il est important de convier ce message à la communauté internationale qui, des fois, a des fausses perspectives sur l’approche des populations elles-mêmes, sur la situation dans laquelle ces populations se trouvent », estime Peter Maurer.

En termes de philosophie innovante de l’humanitaire, Peter Maurier a largement apprécié les actions du CICR en ce sens. Selon lui, ce sont à la fois des actions d’urgence et de sauvetage de vie, mais aussi des actions qui se veulent innovantes, plus systématiques et surtout plus axées sur le long terme.

« Conscientiser la communauté internationale de l’importance de ne pas oublier le Sahel »

Face aux différentes crises qui secouent le Sahel, la communauté internationale est appelée à augmenter sa réponse pour apporter plus d’assistance aux populations dans la région. « Je ne vois pas d’autres solutions à ce que la communauté internationale change de perspectives et d’optiques [sur le Sahel] », a lancé Peter Maurer avant d’ajouter :

« Je reconnais le sérieux de la crise du changement climatique pour le tissu social, pour les économies, pour les sociétés des pays sahéliens. Donc, je pense que c’est primordial qu’on repense et qu’on refasse les calculs pour associer, pour diriger davantage des ressources et lutter contre les effets du changement climatique dans le Sahel et dans le pays que je viens de visiter ».

Au terme de son séjour au Niger, Peter Maurer estime que sa visite va contribuer « à conscientiser la communauté internationale de l’importance de ne pas oublier le Sahel, parce que c’est d’une importance vraiment stratégique d’augmenter la réponse internationale et d’augmenter le soutien ».