Au Sahel, 4 millions de filles ont dû abandonner l’école en raison de l’insécurité

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Une salle de classe sous une paillote récemment mise en place pour faire face à l'arrivée croissante d'enfants déplacés, dans la banlieue de Kaya, au centre-nord du Burkina Faso, en novembre 2020. (OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

Dans un nouveau rapport publié à la mi-mars, l’organisation Plan international souligne les menaces qui pèsent sur les filles déscolarisées au Sahel. Depuis 2017, les fermetures d’écoles se multiplient dans la région et ce sont les filles qui sont majoritairement pénalisées. 

Les filles plus vulnérables

Les filles sont 2,5 fois plus susceptibles de se retrouver déscolarisées dans les pays touchés par les conflits dans le monde, selon Plan international. Ce constat se confirme au Sahel, où l’éducation des filles n’est pas considérée comme une priorité. A ce jour, 4 millions d’entre elles y sont privées d’école.

En raison des violences incessantes, des centaines de milliers de familles ont dû fuir leurs villages et s’installer dans un endroit plus sûr où il n’y a pas forcément d’établissement scolaire. Les enfants doivent alors parcourir de très longues distances pour rallier une école. Pour pallier ce problème, de nombreux adolescents louent à plusieurs un logement et vivent seuls loin de leurs parents. Une solution inenvisageable pour les filles.

« Des filles qui vivent seules sont exposées à des risques. Ainsi, certains parents préfèrent que leurs filles restent au village »

Le maire d’un village au Burkina Faso à Plan international

Des inégalités exacerbées

Rester au village sans école, une fatalité que de nombreuses adolescentes jugent injuste. Des centaines de filles ont été sondées par Plan international et pour elles, ce ne sont pas seulement le conflit et l’insécurité qui sont en cause.

Dans des groupes de discussions, elles parlent ouvertement et d’une manière simple de discriminations qui affectent tous les aspects de leur vie. Education, travail ou mariage, les filles ne sont presque jamais consultées, comme le souligne l’étude menée au Burkina Faso et au Mali. Si les inégalités de genre ont toujours existé, les conflits et la pauvreté ont empiré les choses. Les filles déscolarisées sont beaucoup plus exposées aux agressions sexuelles et aux mariages précoces.

« Ce sont nos parents qui prennent les décisions finales, ce sont eux qui décident si nous devons aller à l’école »

Une fille dans un groupe de discussion au Burkina Faso à Plan international

Un programme d’éducation accélérée

Les filles veulent aller à l’école. Elles sont très nombreuses à le souligner et savent pertinemment que l’éducation leur donne la possibilité d’avoir un meilleur emploi et de meilleures opportunités. Les adolescentes, tant dans les communautés d’accueil que parmi les populations déplacées, se disent déçues d’être privées d’écoles ou de formations professionnelles.

Avec le soutien des ONG, des offres alternatives d’éducation sont mises en place pour que les filles ne soient pas sytématiquement pénalisées. Au Burkina Faso, Yampiou, 12 ans, vient d’obtenir un diplôme d’un centre d’apprentissage accéléré créé par Plan international. Elle n’était jamais allée à l’école et se disait terrifiée à l’idée d’y aller pour la première fois.

« Notre professeure nous encourageait, surtout nous les filles, en nous disant de travailler dur et de prendre de l’avance sur les garçons. J’étais parmi les meilleurs de ma classe »

Yampiou, 12 ans, élève d’un centre d’apprentissage accéléré au Burkina Faso à Plan international

Selon Plan international, 86% des enfants qui ont suivi ce programme accéléré au Burkina doivent réintégrer le système éducatif l’année prochaine. Malgré les efforts déployés par les organisations internationales, des millions d’enfants sont privés d’éducation dont une majorité de filles. Au Sahel, une fille sur trois n’a jamais mis les pieds à l’école ou y est allée pendant une année seulement, selon les chiffres de l’organisation Plan international.

Source : France Info