Niger – « Uranium Gate » : La société civile partie civile devant la justice française

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La Tour Areva à La Défense, siège social du groupe depuis 2013. (Reuters)

La société civile nigérienne s’est constituée partie civile devant la justice française dans le « scandale Uranium Gate » impliquant l’entreprise française AREVA devenue ORANO.

Dans un communiqué le 03 décembre 2020, le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB) a annoncé s’être constitué le 30 novembre 2020, partie civile par voie d’intervention auprès de la juge d’instruction du Tribunal judiciaire de Paris en charge du « scandale Uranium Gate », avec le soutien des mouvements « Tournons la page » et « Publiez ce que vous payez ».

Pour rappel des faits, en novembre 2011, la vente d’un stock d’uranium par des intermédiaires russes et libanais, a fait perdre au groupe français AREVA (qui exploite l’uranium du Niger depuis les dépendances) 101 millions de dollars US, soit plus de 54 milliards de fcfa. En février 2017, l’affaire éclate. La presse révèle que des rétro-commissions auraient été perçues par plusieurs acteurs, dont des autorités nigériennes.

Lire aussi : Malversations au Ministère de la Défense : 71,8 milliards de fcfa captés par des seigneurs du faux

Après une longue enquête préliminaire du Parquet national financier français, une information judiciaire a été ouverte en février 2020 par un juge d’instruction pour « corruption d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment en bande organisée de ces délits ».

Après avoir subi une restructuration complète début 2018, AREVA change de nom et devient ORANO. Un changement de nom qui, selon Ali Idrissa, Coordinateur du ROTAB, ne devrait pas dédouaner l’entreprise et ses complices des scandales du passé. « Les personnes responsables des détournements doivent être amenés à s’expliquer et le cas échéant traduit en justice » a-t-il indiqué.

Notons que depuis 2013, le ROTAB dénonce des irrégularités dans les agissements d’AREVA au Niger. Si le réseau dénonce la corruption qui sclérose la société nigérienne, il ne désapprouve pas l’exploitation de l’uranium, à la condition que celle-ci respecte les principes de transparence et soit moteur de développement pour la population locale.