Prévision des pluies pour 2025 :Le Niger doit se préparer à un choc climatique majeur

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La saison des pluies 2025 au Niger s’annonce abondante. Selon la Direction de la Météorologie Nationale (DMN), les cumuls pluviométriques de juillet à septembre devraient dépasser les moyennes observées sur les trente dernières années. Une bonne nouvelle en apparence, mais qui cache des défis de taille : inondations, poches de sécheresse, maladies climato-sensibles, et désastres hydrométéorologiques risquent de frapper durement un pays déjà vulnérable.

Dans un contexte de changement climatique où les extrêmes deviennent la norme, ces prévisions sont autant un signal d’alerte qu’un appel à l’action. Il ne suffit plus de prévoir, il faut anticiper, organiser, agir. Car les pluies excédentaires ne se traduisent pas automatiquement par une bonne saison agricole. Elles peuvent, au contraire, provoquer des pertes, des déplacements et des crises sanitaires, si elles ne sont pas maîtrisées.

Le premier défi est celui des inondations. Les zones à risques qui sont : la zone du lit du fleuve Niger, la Komadougou Yobé, les goulbis et les coris doivent être surveillées avec une rigueur absolue. La prévention passe par une meilleure communication des prévisions, la réhabilitation des habitations vulnérables, le curage des caniveaux, et l’entretien des digues. Il faut également identifier des sites de relogement sûrs pour les sinistrés potentiels et stocker des médicaments et autres biens non alimentaires dans les zones difficilement accessibles en tenant compte des besoins spécifiques de la société (hommes, femmes, personnes âgées, filles et garçons ainsi que les personnes atteintes de handicape).

Les agriculteurs et éleveurs, eux, doivent s’adapter aux nouvelles réalités climatiques. Investir dans des cultures tolérantes à l’humidité, valoriser les eaux excédentaires par l’irrigation, utiliser des semences adaptées, et intégrer les techniques climato-intelligentes ne sont plus des options : ce sont des nécessités. Il est aussi important de diversifier les pratiques, notamment par le maraîchage, pour amortir les effets des séquences sèches prévues en début et fin de saison.

Même en année pluvieuse, les sécheresses localisées peuvent être destructrices. La sélection d’espèces résistantes, l’aménagement des terres et la gestion raisonnée de l’eau sont des leviers indispensables. En parallèle, il faut renforcer la veille phytosanitaire pour prévenir l’apparition de ravageurs, tels que la chenille mineuse de l’épi du mil ou la chenille légionnaire.

Les maladies hydriques et climato-sensibles représentent un danger accru. Paludisme, choléra, diarrhées, dengue ou fièvre de la vallée du Rift menacent les populations déjà fragiles. Il faut impérativement assainir les zones urbaines, traiter les gîtes larvaires, sensibiliser, vacciner, et doter les centres de santé en médicaments essentiels. L’approche doit être intégrée, associant météorologie, santé, agriculture et gestion des risques.

Enfin, face aux risques météorologiques, des fortes chaleurs, des vents violents, poussières et orages sont à craindre. Pour cela la prudence s’impose. Il faut protéger les infrastructures et les personnes vulnérables, suivre les bulletins d’alerte, sécuriser les chantiers et adapter les pratiques de transport.

Le Niger n’a plus le luxe de réagir dans l’urgence. Le temps est venu d’instaurer une culture de l’anticipation et de la résilience. Les recommandations de la DMN doivent être traduites en plans d’action concrets, financés, coordonnés, et suivis. Les collectivités, les ONG, les services techniques, les médias et les communautés doivent agir de concert.

La saison 2025 peut être un tournant. Elle peut renforcer notre sécurité alimentaire, notre résilience climatique et notre cohésion nationale. À condition d’écouter les signes du ciel et de les comprendre comme un appel à mieux protéger la terre et ceux qui y vivent.

Mahamadou Tahirou

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