Orano et la maladresse d’Etat

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Dans un précédent article, nous informions nos lecteurs des aventures minières de la société Orano en Mongolie. L’affaire prête à sourire et le feuilleton n’est pas près de s’arrêter. Contrairement au Niger qui n’a jamais eu aucun lien d’Etat à Etat avec la Russie, la Mongolie est un satellite russe. La tutelle est toujours active.

Comme avec Imouraren, Orano essaye de convaincre la communauté internationale que sa licence en Mongolie contient un « gisement de classe mondial » qu’aucun géologue, aucun organisme de surveillance, n’a jamais détecté avant elle. A grand renfort d’une presse nationale plus intéressée par les pages de publicité que par l’information, Orano met déjà en avant une production de 2500 tonnes et des réserves sans classification de 90 000 tonnes.

Hélas, la magie n’opère que dans les médias français. En réalité, le Premier Ministre mongol, Monsieur Oyun Erdene fait face depuis plusieurs semaines à des accusations de corruption, son avenir est aussi incertain que les 2500 tonnes d’Orano.

« C’est facile de démissionner », peut-on lire à titre d’encouragement sur les banderoles des manifestants qui ont obtenu de l’agence anti-corruption mongol, une enquête sur le train de vie de leur Premier Ministre.

Son Gouvernement a mis sur les rails, le partenariat Orano/Etat Mongol au travers d’une entité nommée Badrakh Energy LLC. Son représentant français, Marc Meleard, a le courage d’être fréquemment sur place. Il a déjà admis que « si Orano était une entreprise privée et non une entreprise publique, elle aurait probablement abandonné la Mongolie depuis longtemps ».

Le 21 avril dernier, Marc Meleard fait face à la vindicte populaire et à une population bien remontée qui n’a aucune confiance en ses promesses. Ce jour-là, lors d’une réunion d’information, il est agressé et clairement menacé de mort. La police a dû intervenir pour le sortir de là.

Bien sûr, on ne peut que condamner la violence, d’autant que Monsieur Meleard est parfaitement lucide sur la réalité de cette aventure mongole d’Orano. Mais on ne peut s’empêcher de remarquer que la communication d’Orano, ou celle de son actionnaire, entraîne ce genre de situation.

Dans ce contexte improbable, Orano encourage la presse à raconter que des investisseurs « ont exprimé leur intérêt pour la reprise de sites miniers au Niger et sont libres de faire des offres s’ils le souhaitent » . Peut-on poser une seule question avec humour, sont-ils Mongols ?

Marc Eichinger

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