Dans la région de Tillabéry, des nouveaux flux de déplacés ont été provoqués, depuis le début de l’année 2022, à cause de « l’escalade de violences des groupes armés non étatiques (GANE) », a alerté, un rapport du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Selon le rapport, en date du 20 mai 2022, environ 34 746 personnes des zones frontalières avec le Burkina Faso et le Mali ont été contraintes de se déplacer au cours du second trimestre de l’année en cours.
« Les mouvements forcés de population se sont intensifiés au cours des cinq premiers mois de l’année 2022 à cause de l’escalade de la violence des groupes armés non étatiques (GANE) qui attaquent les civils et les forces de sécurité », indique le rapport. Selon le document, de janvier à avril 2022, 136 incidents sécuritaires ont été enregistrés, contre 93 par rapport à la même période en 2021. Du 1er au 19 mai 2022, 43 civils ont été tués et 22 enlevés dans les départements de Torodi, Téra et Gothèye, relève le rapport.
« Les acteurs humanitaires intervenant dans la région de Tillabéry rapportent qu’environ 34 746 personnes (5 045 ménages) des zones frontalières avec le Burkina Faso et le Mali ont, au cours du second trimestre, été forcées de se déplacer pour s’installer dans des endroits plus sécurisés », a indiqué OCHA.
L’ONU déplore la détérioration de la situation sécuritaire dans la région de Tillabéry depuis 2020, notamment dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Mali où des groupes armés semblent « très actifs ». « À ce jour, douze départements sur les treize que compte la région de Tillabéri sont impactés » par les actions des GANE. Ce qui a provoqué des nouveaux déplacements, portant à 115 150 le nombre de déplacés au 16 mai 2022, selon OCHA.
L’espace humanitaire réduit
Selon ledit rapport, la situation sécuritaire de la région de Tillabéry est restée préoccupante durant l’année 2021, notamment dans la zone dite des trois frontières (entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger). « Au cours du dernier trimestre 2021, les attaques meurtrières ont connu leur point culminant », déplore l’ONU, avec des assassinats de civils et militaires, des enlèvements des personnes, des vols des véhicules, des extorsions des biens et de bétail, des pillages et destructions des ressources tels que les greniers, le pâturage, les boutiques et agences de transfert d’argent, les salles de classe, le sabotage des réseaux de communication, etc.
« Des menaces et intimidations contre les représentants de l’Etat dont les autorités locales, coutumières, les enseignants, et des poses d’engins explosifs improvisés ont engendré des déplacements forcés des populations et même la suspension de l’assistance dans certaines zones », réduisant ainsi l’espace humanitaire.
Face à la recrudescence des actions des GANE et l’ampleur des mouvements de personnes qu’elles engendrent dans la région de Tillabéry, OCHA craint un accroissement des besoins multisectoriels, pour sauver des vies, « dans un contexte où les financements sont bas ». A la date de sa publication, le rapport souligne que « le Plan de réponse humanitaire n’a reçu que 10% de financement ».