La campagne agricole 2023 dans 5 343 villages sur 13 468 que compte le Niger est déclarée déficitaire. Le domaine pastoral a connu aussi un déficit de 53%. Alors que le budget collectif de l’agriculture et de l’élevage est déterminé à 65 milliards de francs CFA après le remaniement budgétaire par le CNSP. Une situation qui alerte la menace d’une crise alimentaire.
La campagne agro pastorale de l’année 2023 est déficitaire dans plusieurs localités du Niger. «Ces déficits céréaliers et fourragers ont été induits principalement par des sécheresses, des attaques des ennemis des cultures, des inondations, la baisse de la fertilité des sols et les effets de l’insécurité qui sévit dans certaines zones de grande production» selon une communication du conseil de ministres du 4 Janvier.
Des villages moins arrosés
Au plan national la campagne est déficitaire dans 30% des villages du Niger. A Zinder il s’agit de 1079 villages ayant enregistré une mauvaise campagne agricole. La production céréalière est passable dans plusieurs départements de la région. A cela s’ajoute 3 cas de feu de brousse qui ont ravagé 53 144 hectares causant la perte de 45 172 tonnes de matière sèche.
La même situation s’est présentée à Dosso dont 745 villages sont déclarés déficitaires. Ce qui plonge une population de 947 664 personnes dans l’insécurité alimentaire. A Maradi aussi ce 700 villages touchés par la mauvaise campagne ce qui place 144 dans l’insécurité alimentaire. À Tillabery c’est la moitié des départements qui ont enregistré une faible pluviométrie. A Diffa , la campagne était dominé par une longue période de sécheresse. Les agriculteurs ont connu des avortements de semis qui ont aboutis à des resemis .
L’insécurité dicte ses règles
Diffa et Tillabery sont les zones du pays les plus envahies par l’insécurité. Cela a sans doute défavorisé l’exercice agricole. A Diffa , de «N’guiguimi à Kaolaha en passant par Diffa et Tam sont tous occupées par les terroristes , alors que ce sont des zones très fertiles» nous renseigne actrice de la société civile AEC Diffa Kare Ibrahim
A part ces zones «De flatari N’guel Beri et vers N’guel kolo il y’a énormément des matières séches qu’on ne peut pas exploiter à cause de l’insécurité. Et à tous ces problèmes s’ajoute l’insuffisance de la pluviométrie» a-t-elle soutenu.
Dans les localités de Tillabery comme « Gotey , Bankilarey , une partie de Torodi , et Say n’ont pas cultivé cette année en raison de l’insécurité grandissante. » déclare Albade Aboubacar défenseur des droits humains à Tillabery.
La revue en baisse du budget de l’agriculture et de l’élevage
Les nouvelles autorités militaires de Niamey à travers le remaniement budgétaire ont régressé le budget de l’agriculture et de l’élevage à 65 milliards de FCFA. Notamment 25 milliards pour l’élevage et 40 pour l’agriculture.
Pendant que le collectif budgétaire est dépendant du financement extérieur , le deux secteurs ont perdu 58 milliards.
A quoi peut-on s’attendre
Tous ces facteurs donnent un signal d’alarme pour l’arrivée d’une éventuelle crise alimentaire. Plus de 85% de la population nigérienne ne vivent que de l’agriculture et l’élevage , alors que la campagne agricole 2023 est plus déficitaire que celle de l’année passée. A cela s’ajoute la diminution du budget de l’agriculture et de l’élevage ce qui aura un grand impact sur la sécurité alimentaire.
Le Plan National de Réponses à l’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle a annoncé en mis 2023 de cibler plus de 2 millions de personnes frappées par la crise alimentaire pour un budget de 200 milliards de FCFA. Cette somme proviendrait de l’aide extérieure qui ne surgira pas en raison de la relation entre Niger et l’Union européenne qui s’est dégradée depuis le coup d’état du 26 juillet.
Pour le chef du département droit à l’alimentation de l’association Alternative Espaces Citoyens Ibrahim Djori « Des études ont prévu une crise alimentaire au Niger en 2023 et voilà une autre est entrain de s’annoncer. Et dans l’avenir la situation risque de s’empirer car nos agriculteurs et éleveurs vivent en dessous de leurs besoins.» « Notre pays dépend chaque année de l’aide extérieure , et cette aide n’est pas garantie du fait de la situation de notre pays» a-t-il ajouté. Cela aussi attise l’arrivée de cette crise alimentaire.
Les sanctions de la CEDEAO contre le Niger auront des impacts négatives sur la situation alimentaire du pays. «Plus de 90 000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë modérée dans les régions touchées par la crise au Niger n’ont plus accès aux aliments nutritionnels spécialisés dont ils ont besoin pour prévenir les formes plus graves de malnutrition » a indique un communiqué du Programme Alimentaire Mondial ( PAM ) publié le 21 Septembre.
Le nombre a augmenté jusqu’à «185 000 enfants de moins de cinq ans et 40 000 enfants risquent de tomber dans la forme de malnutrition la plus grave et la plus mortelle» à la date du 12 Décembre.«4,3 millions de Nigériens ayant un besoin urgent d’aide humanitaire» selon le collectif des ONGs internationales au Niger.
ISABNA