« La dette ? C’est une nécessité », selon Ouattara et Issoufou

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Les présidents Issoufou Mahamadou du Niger, à droite, et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire lors d’un sommet de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) à Abidjan, 10 avril 2017

Alors que les polémiques sur l’endettement des pays africains sont comme un serpent de mer, surgissant au gré des événements et actualités, Dakar abrite depuis ce matin et pour deux jours, une conférence internationale sur une thématique transversale : « Développement et dette soutenable ». A cette occasion, les présidents ivoirien et nigérien ont farouchement défendu les politiques réalistes menées par certains gouvernements sur le continent en vue d’assurer leur développement économique, social et industriel.

« La dette est une nécessité », a tranché le président Alassane Dramane Ouattara. « De mon point de vue, nous les pays africains, nous ne devons pas avoir peur de nous endetter », s’adressant à ses autres pairs présents au Centre de conférence international Abdou Diouf de Diamniadio à une trentaine de kilomètres de Dakar. Le président Mahamadou Issoufou, également invité à cette rencontre, a abondé dans le même sens. « Il faut continuer à s’endetter, c’est évident. Il est vrai qu’il faut que la dette soit soutenable. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter de nous endetter. Pour investir, il faut s’endetter. Nous avons des ressources internes mais il faut s’endetter. »

Néanmoins, le président Ouattara a mis un bémol à sa fulgurance en faveur de l’endettement. « S’endetter, oui, mais à condition de le faire de manière raisonnable, que ça soit de la dette saine, concessionnelle et remboursable par nos recettes propres », a-t-il expliqué. Dans le même registre le chef de l’Etat nigérien qui finit son second mandat à la tête du pays a plaidé pour que la gouvernance économique mondiale soit « repensée » afin que les pays africains ne continuent pas « à piétiner dans les mêmes problèmes », ceux-là même qui font prospérer les systèmes de « capitaux spéculatifs. »

Auparavant, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) avait marqué la disponibilité de l’institution de Bretton Woods à octroyer encore plus de financements aux États africains avec des «taux concessionnels de zéro pour cent». En contrepartie, le FMI exigerait une gestion de la dette «rigoureuse et transparente», ainsi que des recettes fiscales plus conséquentes.

Plusieurs chefs d’Etat africains ont fait le déplacement de Dakar. Outre les présidents ivoirien et nigérien, Faure Gnassingbé (Togo), Patrice Talon (Bénin) et Rock Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) sont également dans la capitale sénégalaise.