Impacts de la Covid-19 sur la scolarisation de la jeune fille : Le Niger sur des pistes de solutions

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Le monde scolaire nigérien est profondément affecté par la pandémie de coronavirus. Pour ce qui est de la scolarisation de la jeune fille, les impacts sont nombreux et multiformes. C’est ce qui ressort d’une rencontre tenue par visioconférence entre les pays  du Projet SWEDD (Projet Régional d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel-PRAF/DD-SWEDD).

Cette entrevue a porté sur le maintien des jeunes filles à l’école en période de Covid-19. C’est le Secrétaire Général du ministère  de l’Education nationale, M. Mohamed Zeidane et le Coordonnateur pays du projet SWEDD, M. Ali Doungou Boubakar qui ont dirigé les échanges.

Les discussions ayant eu lieu, ont permis aux participants de passer au peigne fin la situation du décrochage scolaire des filles surtout en période de Covid-19, leurs conséquences et les pistes de solutions.

Au début de la pandémie en mars 2020 et notamment après la découverte du 1er  cas de la maladie au Niger, rappelle-t-on, les autorités ont pris de mesures fermes pour contrecarrer les risques de la pandémie. Parmi ces mesures, figure la fermeture des écoles.

Mais cette mesure n’est pas sans conséquence, car elle a privé environ 3,7 millions d’élèves de l’accès à l’éducation. Les services connexes ont également été suspendus, notamment la restauration scolaire qui représente pour de nombreux enfants le seul repas équilibré de la journée.

Aussi, il est ressorti de ces échanges que le majeur problème est la déscolarisation des apprenants alors que le système éducatif est déjà fragile, car plus de 45% des enfants ne vont pas à l’école. D’où l’importance du sujet de débat et de réflexion sur le maintien des filles à l’école en période de pandémie.

Aujourd’hui les autorités en charge de l’éducation au Niger sortent de cette situation avec beaucoup de leçons apprises et des solutions en perspectives.

Selon  le Coordonnateur du Projet SWEDD-Niger M. Boubakar, les leçons apprises conformément au champ de l’étude d’une enquête sur le maintien des filles à l’école font ressortir que les effectifs des échecs scolaires au Secondaire  ou des filles à risque sont plus élevés dans les collèges ruraux que dans les établissements semi urbains, d’une part et que les élèves filles des milieux défavorisés sont plus victimes de décrochage ou de risque de décrochage d’autre part.

«Selon les résultats de l’enquête les raisons les plus saillantes de ces échecs sont la vulnérabilité du ménage, l’analphabétisme des parents d’élèves, les travaux domestiques, le petit commerce, le mariage d’enfant; l’éloignement des établissements scolaires et le manque de transport ; la précarité des conditions d’accueil et d’hébergement des filles ; l’insuffisance des infrastructures d’accueil, les difficultés de trouver un tuteur convenable», a détaillé M. Boubakar.

S’exprimant sur les moyens d’y remédier, le Coordonnateur du SWEDD cite : la création des internats et des centres d’hébergement dans les zones rurales; la réinsertion des filles hors école dans le système éducatif ; la prise de mesures incitatives pour le maintien des filles (bourses, rations sèches, repas chauds, divers kits, etc.) ; des appuis aux parents en Activités génératrices de revenus (AGR) et en matériel d’allègement des tâches domestiques; des appuis pour le fonctionnement des internats et des centres d’hébergement créés par le gouvernement, le renforcement des capacités des structures d’appui à la gestion de l’école (AME et COGES). L’intensification de la sensibilisation ; l’alphabétisation des parents d’élèves et l’application ou la prise des lois qui protègent mieux la scolarité des filles.

Pour sa part, le secrétaire général du ministère de l’éducation nationale, a insisté sur la nécessité d’intégrer les résultats de cette enquête dans les programmes pays, à travers plusieurs stratégies prévues dans la programmation des ministères en charge de l’Education et de la Formation.

Selon M. Mohamed Zeidane, le Programme de Transition Sectoriel de l’Education et de la Formation (PTSEF) a prévu trois (3) formules de réinsertion des enfants et adolescents non scolarisés et précocement déscolarisés.

Il s’agit premièrement de la formule dite «passerelle» qui vise à offrir une formation accélérée d’un an aux enfants (non scolarisés âgés de 9 à 12 ans et aux déscolarisés précoces des CI et CP) en vue de leur insertion ou réinsertion dans le circuit du cycle de Base 1.

En  second lieu, a-t-il poursuivi, vient la formule dite ‘‘Centre d’éducation alternative – CEA’’, qui vise à la fois une mise à niveau rapide et une préparation des jeunes à la vie active. Elle s’adresse aux non scolarisés de 10-14 ans et aux déscolarisés précoces. La formation sera centrée sur les compétences instrumentales de base.

Et en dernier lieu, M. Mohamed Zeidane a suggéré que les PTF à travers des projets comme le projet ‘‘LIRE’’, envisagent d’accompagner l’État dans cette dynamique. «C’est ainsi que le projet dans une de ses composantes relative au volet Réinsertion des enfants et adolescents hors école prévoit de grandes actions pour l’insertion et la réinsertion des enfants (plus de 53% dont les filles sont majoritaires) dans le système formel», a-t-il déclaré.

MAMAN SABO BACHIR

Article écrit et publié dans le cadre du projet Covid-19 Response in Africa mis en œuvre par le consortium composé de Free Press Unlimited, ARTICLE 19, Deutsche Welle Akademie, Fondation Hirondelle, International Media Support, Reporters Sans Frontières, UNESCO et financé par la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement (DG DEVCO) de la Commission Européenne