Criminalité financière : Giaba invite à renforcer la surveillance des services de change

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Image d'illustration / Photo : Banque Mondiale

Un rapport du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (Giaba) révèle des défaillances dans les services financiers . Il appelle à plus de traçabilité dans le secteur.

Il est un fait que les crises politiques déstabilisent les Etats. Les flux financier illicites y participent également au travers  des systèmes opaques de transfert de fonds tels que les services de change. Ils servent de couloir de sabotage des pays aux économies déjà précaires. Giaba a récemment mené une étude sur ce phénomène. Il fait ressortir des failles qui nourrissent la criminalité financière transfrontalière.

Le rapport a circoncis son champ d’étude. Il s’agit des typologies de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme à travers les prestataires de services de change informel et illégal en Afrique de l’ouest. Il ressort que « le change informel et illégal de devises est un phénomène mondial dans une certaine mesure et, plus encore, très répandu » dans l’espace sous-régional.

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Les recherches mettent également en exergue « la relation directe entre l’existence d’une économie et d’un marché informels et celle d’une forte uti­lisation de l’argent liquide, qu’il s’agisse de mon­naie locale ou étrangère, ainsi que la forte dépen­dance à l’égard des opérateurs informels et sans licence dans le secteur des services de change en Afrique de l’Ouest ». Nonobstant le cadre juridique et ré­glementaire sous-régional et international, les opérations de change échappent toujours à la surveillance et au contrôle. Outre cela, le constat est que même des sanctions pénales contre les fraudeurs ne sont pas dissuasives. Ou, elles sont à certains égards, disproportionnées et  inefficaces.

Cette faiblesse trouve son fondement dans « l’opacité des signaux d’alerte, qui ne facilite pas la détection, mais aussi l’implication éventuelle des PPE (Ndrl, Personnes politiquement exposées) », qui, selon les experts, « utiliseraient ce réseau pour blanchir des fonds provenant de la corruption et d’infractions connexes ou pour collecter des fonds terroristes ». Aussi les engagements renouvelés des Etats à endiguer le phénomène sont-ils récents. Ce qui selon l’étude, prendra du temps pour se concrétiser.

Au regard de ces carences dues aussi à la porosité des frontières terrestres, le rapport 2020 de Giaba propose des solutions. Il recommande aux autorités nationales le renforcement de la surveillance des services de change, la sensibilisation des prestataires de ces services et le public et les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, entre autres.

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Le groupe intergouvernemental formule également à l’endroit des Etats de la sous-région ainsi qu’à l’international diverses mesures. Il exhorte à fournir un soutien technique et financier aux États membres «afin d’élaborer des stratégies visant à éradiquer les opérations de change informelles/illégales ». Aussi Giaba appelle-t-il au renforcement de la BCEAO et la commission bancaire de l’UEMOA à travers le ministère des finances « afin de consolider les mécanismes de surveillance, de contrôle et de sanctions dans la région ».

L’étude est réalisée par une équipe d’experts des pays de la sous-région. L’objectif est d’étudier non seulement les risques, les méthodes mais aussi « les tendances du blanchiment de capitaux et du fi­nancement du terrorisme associés à l’utilisation d’opérations de change illégales et informelles en Afrique de l’Ouest ».