Amnesty International, Human Rights Watch, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), agissant dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, ont conjointement publié, le 3 juin dernier, un communiqué dans lequel ces organisations ont exigé la libération immédiate de l’acteur de la société civile Moussa Tchangari, tout en fustigeant l’utilisation des accusations de terrorisme pour museler les voix dissidentes au Niger.
Six mois après son arrestation, la détention du militant de la société civile et défenseur des droits humains, Moussa Tchangari, est de plus en plus dénoncée par la communauté internationale.
« Moussa Tchangari est détenu uniquement pour avoir exercé ses droits humains. Nous demandons instamment aux autorités de le libérer immédiatement et d’abandonner toutes les charges retenues contre lui. Nous sommes profondément préoccupés par l’utilisation de telles accusations pour réduire au silence ceux qui critiquent le gouvernement », a déclaré Marceau Sivieude, Directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
L’arrestation de Tchangari « s’inscrit dans une tendance généralisée de répression des autorités nigériennes qui prennent pour cibles et soumettent à un harcèlement judiciaire constant, toutes les personnes qui les critiquent publiquement pour les réduire au silence », a renchéri Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH.
Pour Ilaria Allegrozzi, chercheuse principale sur le Sahel à Human Rights Watch, cette détention envoie un « message glaçant à tous ceux qui osent critiquer le glissement du régime nigérien vers l’autocratie ». Une analyse partagée par l’OMCT pour qui, « l’arrestation de Tchangari est une grave erreur, et elle est contre-productive », a poursuivi Isidore Ngueuleu, responsable du bureau régional pour l’Afrique à l’OMCT.
Il a souligné le rôle historique de Moussa Tchangari « incarnant l’appel du peuple nigérien à la démocratie, à la sécurité, à la souveraineté des ressources et à l’indépendance », estimant qu’« un gouvernement qui respecterait la volonté du peuple le libérerait ».
La détention prolongée de Moussa Tchangari, après six mois passés derrière les barreaux sous des accusations que ses soutiens jugent infondées et motivées politiquement, met en lumière les préoccupations croissantes concernant l’espace civique et les libertés fondamentales au Niger.
Ismaël Abdoulaye