Afrique de l’Ouest : Le Giaba évalue les capacités de lutte contre le financement du terrorisme

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Le siège du GIABA

Le Sahel reste toujours perméable aux activités de blanchiment d’argent et par ricochet à l’entretien des factions rebelles malgré les dispositifs. Dans une étude, le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) diagnostique les causes de cet échec.

L’étude est réalisée dans cinq (05) pays sur la période de 03 février au 08 mars 2019. Il s’agit du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger et du Nigeria. Pour la réaliser, le groupe intergouvernemental s’est attaché les services d’un consultant. Avec l’aide d’une équipe, l’expert a effectué des voyages dans ces Etats membres du Giaba, fait des revues documentaires et rencontré des acteurs sur le terrain.

Il découle que « les sources et les méthodes de financement du terrorisme dans la région ont évolué et comprennent l’utilisation de fonds provenant d’activités licites et illicites ». Plus encore, relève l’enquête, « ces fonds sont parfois acheminés par des canaux formels relativement peu réglementés et des canaux informels largement non réglementés pour soutenir la perpétration de diverses formes d’activités terroristes ». Il est donc clair que le financement du terrorisme persiste en Afrique de l’Ouest en dépit des mécanismes adoptés pour l’endiguer.

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Le constat est posé. Il fallait trouver les causes de résistance aux instruments régionaux de lutte contre le terrorisme qui gangrène le Sahel. L’enquête révèle que des pesanteurs socio-culturelles et socio-économiques spécifiques à chaque pays contribuent à éroder les digues contre le financement du terrorisme. « Certaines réalités spécifiques à l’Afrique s’accommodent difficilement de la mise en œuvre des lois de LFT (Ndrl, Lutte contre le financement du terrorisme), comme la culture des transactions en espèces, largement répandue dans le secteur économique informel, ainsi que la négligence des chefs traditionnels et des leaders religieux », note l’étude. Ces éléments révèlent, souligne le document de Giaba, « les difficultés de ces pays à prévenir efficacement leurs vulnérabilités au financement du terrorisme ».

Aux termes de l’enquête, des recommandations ont été formulées pour renforcer la lutte. L’équipe d’experts exhorte les gouvernements nationaux « à prendre des mesures efficaces pour incriminer le financement du terrorisme individuel et des organisations terroristes quel qu’en soit le but », tout en agissant en collaboration avec des partenaires stratégiques ». Aussi, il leur est recommandé de « fournir des ressources adéquates aux institutions nationales mandatées pour mettre en œuvre les normes de lutte contre le financement du terrorisme ». Le Giaba recommande entre autres, l’élaboration d’une politique de respect des sanctions terroristes qui soit adaptées aux défis spécifiques de chaque Etat membre.