Dans son discours d’ouverture du Sommet sur le constitutionnalisme pour la consolidation de la démocratie en Afrique le 02 octobre 2019 à Niamey, le chef de l’Etat nigérien, Issoufou Mahamadou, n’a pas caché son désir de céder, au terme de son second mandat en 2021, le fauteuil présidentiel à son successeur démocratiquement élu. Un désir « conditionné » qui suscite dans l’opinion publique nigérienne des interrogations sur l’organisation des prochaines élections.
« Un successeur démocratiquement élu ». C’est tout l’enjeu de prochaines élections présidentielles au Niger. Cela suppose des élections libres, transparentes et inclusives de tous les acteurs de la classe politique. Mais la question qui se pose aujourd’hui dans l’opinion publique nigérienne, c’est de savoir si le pourvoir Issoufou met tout en œuvre ou du moins crée les conditions nécessaires pour l’organisation des élections comme définies par les normes et principes démocratiques admises ?
Le 28 septembre 2019, des milliers d’opposants ont manifesté à Niamey pour dénoncer un Code électoral taillé sur mesure et une Commission électorale (CENI) non consensuels. « Nous manifestons pour dénoncer un code électoral et une CENI taillés sur mesure et qui sont porteurs de graves périls pour la nation nigérienne », avait déclaré à l’AFP Soumana Sanda, un responsable du Mouvement démocratique nigérien (MODEN), la formation politique de l’opposant exilé au Bénin, Hama Amadou. Des dénonciations qui jettent déjà du discrédit sur les élections présidentielles prévues pour le 27 décembre 2020.
Depuis deux ans, l’opposition refuse de siéger à la CENI. Elle menace donc de boycotter les élections si ses revendications ne sont pas prises en compte par le pouvoir. « Avec ou sans opposition, le Niger ira aux urnes en 2020 », a rétorque le porte-parole du Gouvernement du Niger, Abdourahaman Zakaria, sur la radio allemande DW. Les choses s’annoncent donc complexes et les espoirs d’une élection libre et inclusive luisent comme un brin de paille dans l’étable.