Dans le cadre de son programme Sahel, la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a organisé, du 27 au 30 juin 2022, à Niamey, un atelier de formation à l’endroit d’une vingtaine de journalistes des pays du Sahel sur les questions climatiques et environnementales. L’objectif est d’outiller suffisamment les acteurs des médias qui s’intéressent à ces questions afin de pouvoir mener à bien leurs enquêtes à partir des données climatiques. Dans le but de trouver un mécanisme de collaboration entre les différents acteurs au service des populations, une table ronde autour de laquelle les journalistes, les acteurs de la société civile et des structures étatiques a sanctionné la fin de la formation en mettant en avant quelques recommandations.
Ce sont des journalistes issus des pays couverts par le programme Sahel de la CENOZO, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont bénéficié de ladite formation portant sur le « journalisme de données climatiques (climate-data journalism) » dont le thème est : « Comment enquêter sur les changements climatiques à partir des données (climate-data journalism) ». Au cours de la formation, plusieurs thématiques ont été abordées, familiarisant les journalistes aux outils leur permettant de mener des enquêtes sur les enjeux climatiques et environnementaux, des enquêtes d’impacts et sur les risques environnementaux à partir des données climatiques.
A l’ouverture de l’atelier, le président du Conseil d’Administration de la CENOZO, Moussa Aksar, a prodigué des sages conseils aux journalistes qu’il a exhortés à se spécialiser dans les différents domaines pour un travail de qualité. « On ne peut pas tout faire à la fois. On ne peut pas être expert en tout », a affirmé Moussa Aksar aux journalistes. « Vous n’êtes pas des journalistes conventionnels, mais des journalistes d’investigation et vous êtes appelés à faire des recherches approfondies, d’où l’intérêt de trouver un domaine de spécialisation pour pouvoir faire un travail de qualité », ajoute-t-il.
A l’issue des 72 heures de formation, les journalistes se disent suffisamment outillés et aptes à travailler sur les questions environnementales et climatiques. Par ailleurs, ils ont recommandé à la CENOZO de multiplier ce genre de formation, mais aussi de les sanctionner par des attestations.
« Cette formation nous a permis d’acquérir des connaissances sur le journalisme de données relativement aux questions climatiques et environnementales. Elle nous a permis de savoir faire des choix, des sujets liés à l’environnement sur lesquels nous pouvons facilement travailler », a affirmé Salifou OUEDRAOGO, journaliste burkinabè.
« Nous sommes vraiment satisfaits des connaissances acquises et nous allons les mettre en application pour jouer notre partition dans la lutte contre les changements climatiques, en produisant des enquêtes de qualité », promet-il. « Nous demandons à la CENOZO de multiplier ce genre d’initiatives combien importantes pour les acteurs de médias. Nous lui demandons également de faire un effort pour sanctionner ces formations par des attestations qu’elle délivrera aux participants », a appelé la journaliste nigérienne Amina Dioffo.
Trouver un mécanisme de collaboration entre les acteurs au service des populations
En marge de cet atelier de formation, une table ronde regroupant les journalistes, les acteurs de la société civile et des institutions étatiques, dont le ministère de l’Environnement et de l’agriculture, a été organisée afin de créer un cadre de collaboration entre ces différentes parties.
Cette table ronde, qui entre également dans le cadre du programme Sahel de la CENOZO, qui consiste à renforcer le journalisme d’investigation au Sahel, vise à créer un « cadre d’échanges et des discussions autour de défis environnementaux et climatiques afin de voir comment les différents acteurs peuvent collaborer pour lever ensemble ces différents défis », a indiqué, Isabelle Otchoumaré, chargée de programmes de la CENOZO.
« Après cet atelier, les journalistes se disent aptes à travailler sur les questions environnementales et climatiques. Et normalement, s’ils vont réaliser des enquêtes, ils doivent collaborer avec les acteurs de la société civile et des institutions étatiques pour avoir les données nécessaires pour la réalisation de leurs enquêtes », a-t-elle ajouté, soulignant que « cette année, le programme Sahel de la CENOZO est spécifiquement dédié aux questions environnementales et climatiques ».
Pour le président du conseil d’administration de la CENOZO, l’objectif est de « trouver un mécanisme de collaboration entre les journalistes d’investigation sur le changement climatique, les acteurs de la société civile et les acteurs des institutions étatiques pour créer une synergie de travail en collaboration et mener des investigations pour que les populations soient mieux informées sur les défis climatiques dont le Niger, le Mali et le Burkina font face ».
« Les journalistes d’investigation ne sont pas des ennemis », lance Moussa Aksar. « Plutôt, ils sont là, pour que les choses puissent avancer et trouver des solutions idoines pour que les défis climatiques soient bien connus de Nigériens, mais aussi des populations du Sahel, comme le Mali et le Burkina », défend-t-il.
Le président du conseil d’administration de la CENOZO de souligner que c’est pour la première fois que la CENOZO organise au Niger une formation portant sur les changements climatiques. « Et c’est là, l’intérêt des acteurs étatiques et de la société civile pour qu’ils puissent être sensibilisés dans ce domaine-là et trouver les voies et moyens de parler de défis climatiques », a-t-il soutenu.
Notons qu’au cours de cette table ronde, des insuffisances ont été relevées à tous les niveaux et des recommandations ont été formulées à l’endroit de différents acteurs concernés en vue de les corriger pour l’intérêt général.
En effet, il a été relevé, entre autres, l’insuffisance de journalistes spécialisés sur les questions climatiques et environnementales au Niger ; l’ineffectivité de l’implication de l’Etat [nigérien] dans la protection de l’environnement, illustrée notamment à travers un manque d’usines de traitement d’eau usée ; l’insensibilité des décideurs face aux enquêtes des journalistes ; l’inaccessibilité de journalistes à l’information dû à un manque de confiance de la part de personnes-ressources ; les menaces et intimidations de journalistes dans le cadre de leur travail d’investigation.
C’est ainsi qu’il a été recommandé aux acteurs de la société civile et de l’Etat de créer un cadre de confiance avec les journalistes pour leur faciliter l’accès à l’information ; créer un cadre de concertation qui réunit les acteurs de la société civile, des institutions étatiques et les journalistes. Aussi, il a été recommandé aux acteurs de médias de créer un journal écologiste au Niger pour mieux traiter les questions environnementales ; encadrer le travail de journalistes ; former plus de journalistes sur les questions climatiques et encadrer les jeunes, etc. A la CENOZO, la principale recommandation est de multiplier ce genre de rencontre (table ronde) pour une meilleure collaboration.