Depuis l’avènement de la COVID-19, les marchés à bétail ont connu une faible animation due à l’absence des commerçants exportateurs (Nigeria, Mali, Libye, etc) et des commerçants collecteurs à cause de la fermeture des frontières et des restrictions de voyage tandis que les acheteurs étaient bloqués par le manque de véhicules de transport.
Ceci est le résultat d’une étude réalisée sur l’impact de la pandémie sur la sécurité alimentaire des populations par la cellule de coordination du système d’alerte précoce en partenariat avec le PNUD.
En effet, la fermeture des frontières a aussi perturbé le flux de commercialisation du bétail sur pied. Les exportations vers les pays voisins notamment le Nigéria n’étant plus possible, le flux se fait en direction des marchés de l’intérieur du pays.
En général, les marchés à bétail ont ainsi connu une faible animation sans toutefois cesser de fonctionner. Il faut cependant noter la suspension de l’animation de certains marchés aussi bien du Niger que ceux du Nigeria accueillant le bétail nigérien pendant quelques semaines. Il s’agit notamment des marchés de Tounfafi, Magaria, Karofane (Région de Tahoua), Béla, Karguibangou (Région de Dosso) et Tchadoua (Région de Maradi).
Les marchés à bétails ont été affectés par les mesures prises pendant le pic de la maladie à COVID-19 avec comme conséquence la baisse de fréquentation de ces dernières par les acteurs nationaux et étrangères. On a ainsi assisté à un faible approvisionnement des marchés en bétail mais aussi une forte absence des acheteurs. Face à cette situation, l’offre du bétail sur les marchés est restée nettement supérieure à la demande avec pour conséquence la baisse des prix.
Aussi, la pandémie du Coronavirus a eu un impact négatif sur la commercialisation du bétail et les activités connexes. On a ainsi assisté à une baisse des prix à cause de l’absence marquée des acteurs (importateurs et exportateurs) étrangers et même locaux sur le marchés.
Globalement, l’évolution des prix des animaux est caractérisée par une baisse pendant le pic de la pandémie du CORONAVIRUS. Ceux du bouc et du bélier ont connu une baisse en avril-mai avant d’amorcer une hausse en juin qui finit en août avec la baisse observée en septembre.
La baisse de l’animation des marchés, à cause de la restriction de transport en commun et de regroupement dans le cadre de la lutte contre la propagation de la COVID-19, a eu comme effet : la baisse de ravitaillement en bétail et autres produits alimentaires ; la baisse de la demande ; la hausse des prix des animaux et produits dérivés, liée à l’absence remarquée des acteurs étrangers sur les marchés . Cette situation a été accentuée par la fermeture des frontières qui a considérablement limité les exportations.
Les termes de l’échange bétail contre céréales se sont ainsi considérablement détériorés en défaveur de l’éleveur. Selon le bulletin Albichir n° 132 de septembre 2020 publié par le système d’information, sur le marché agricole (SIMA), un éleveur doit vendre deux (2) boucs pour acquérir à peine 1 sac de 100 kg de mil en septembre 2020. Ces termes de l’échange se sont détériorés en août-septembre 2020 par rapport à leur niveaux de 2019 et de la moyenne des cinq dernières années.
Une baisse considérable des termes de l’échange bouc/mil est observée pendant la pandémie : avril à août 2020.
Néanmoins, révèle l’étude, les termes de l’échange restent favorables aux producteurs vendeurs d’oignons pour leur approvisionnement en céréale notamment sur le marché d’Agadez. En effet, pour la même période, un producteur d’oignon peut se procurer 141 kg de mil contre 132 Kg en août en vendant un sac de 100 kg d’oignon.
Ces termes de l’échange oignon/mil sont détériorés par rapport à la même période de l’année passée et sont en hausse par rapport à ceux de la moyenne des cinq (5) dernières années.
Toutefois, ces termes de l’échange oignon/mil ont connu une baisse pendant la pandémie (mars à juillet 2020) par rapport à leurs niveaux de janvier et février.
En définitive, conclut l’étude, la pandémie de la COVID-19 a eu pour corollaire la faible animation des marchés, la baisse de ravitaillement en bétail et autres produits alimentaires, le faible approvisionnement des marchés céréaliers, une augmentation des prix des céréales et une baisse des prix des animaux (termes de l’échange défavorables). Ce qui a eu pour conséquence la baisse des revenus des ménages entrainant une limitation de l’accessibilité des céréales de base surtout des ménages les plus vulnérables.
Article écrit et publié dans le cadre du projet Covid-19 Response in Africa : Together For Reliable Information mis en œuvre par un consortium composé de Free Press Unlimited, ARTICLE 19, Deutsche Welle Akademie, Fondation Hirondelle, International Media Support, Reporters Sans Frontières, UNESCO et financé par @EUPartnerships (European Commission’s Department for International Partnerships).
Bachir Manzo