La pandémie de la COVID-19 et les mesures connexes prises en 2020 ont eu pour corollaire la faible animation des marches, la baisse de ravitaillement des marchés en céréales, produits alimentaires et animaux , une augmentation des prix des céréales et une baisse des prix des animaux (termes de de l’échange défavorable). Ce qui a eu pour conséquence la baisse des revenus des ménages entrainant une limitation de l’accessibilité des céréales de base surtout aux ménages les plus vénérables qui ont dû utiliser leurs moyens d’existence pour assurer leur alimentation.
C’est le résultat d’une étude conduite par la cellule de coordination du système d’alerte précoce en partenariat avec le PNUD évaluant l’impact de la pandémie sur les secteurs socioéconomiques au Niger.
L’enquête a porté sur un échantillon dominé a 93% par le sexe masculin et a plus de 50% par les mariés monogames qui évoluent pour le secteur formel dans le transport intra-urbain (15%) ; le commerce (14,2%) et le transport (13,9%). Pour le secteur informel, c’est la couture (17,4%), la mécanique (15,2%) et la coiffure (14,6%).
Il ressort de l’étude que la fermeture des frontières terrestres et aériennes est la mesure ayant beaucoup plus affecté les deux secteurs d’activité, suivie de l’isolement sanitaire et le couvre-feu.
Les cinq principales mesure citées par ordre d’importance lors de l’étude sont respectivement, la fermeture des frontières (17,6% du secteur formel et 18% du secteur informel), l’isolement sanitaire (11% du secteur formel et 11,3% du secteur informel ), la suspension des transports urbains (9,5% du secteur formel et 7,9% du secteur informel), le couvre-feu (8% du secteur formel , 8,4% du secteur informel) et les restriction de regroupements (mariages, baptêmes 7,9% du secteur formel et 9,2% du secteur informel).
La même tendance est observée au niveau des Régions. En effet, le ralentissement et l’arrêt des activités sont l’effet le plus ressenti quelle que soit la région, dans le secteur informel, exception à Maradi et Tillabéry.
La proportion des enquêtés dont les activités ont été ralenties varie entre 67, 9% à Niamey et 95,1 à Agadez.
Dans le secteur formel, le ralentissement et l’arrêt des activités sont les effets les plus ressentis quelle que soit la Région, à l’exception de Dosso, où l’arrêt des activités vient en deuxième position.
La proportion des enquêtés dont les activités ont été ralenties varie entre 53,1 à Zinder et 100% à Agadez. Tandis que celle des enquêtés dont les activités varie entre 0% à Agadez et 35,5 % à Maradi.
Les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la COVID-19 ont impacté négativement les revenus des enquêtés, dans toutes les régions pendant le pic de la maladie par rapport à leur niveau d’avant la pandémie, quel que soit le secteur.
Dans le secteur formel, on observe une baisse des revenus moyens mensuels de 44% à Zinder à 97 % à Tillabéry. Les Régions les plus touchées sont : Tillabéry (-97%), Dosso, Diffa (-77%) et Niamey (-73%). Malgré la levée de certaines de ces mesures, ces revenus restent toujours à leur niveau habituel.
Dans le secteur informel, la baisse des revenus moyens mensuels varie entre 65% (Dosso et Tillabéry) et 89% à Zinder. Les Régions les plus touchées sont ; Zinder (-89%), Maradi (-88%) et Niamey (-83%).
L’analyse de l’impact des mesures sur le revenu issu du transfert a fait ressortir que toutes les régions ont été affectées négativement pendant le pic de la COVID-19, à l’exception de la région de Tahoua. Aussi le transfert moyen mensuel a affecté les régions d’Agadez ; Dosso, Mardi, NIAMEY, et Zinder.
Les Régions de Diffa, Tahoua et Tillabéry n’ont pas été affectées pendant cette dernière période. Dans le secteur informel, l’analyse de l’impact des mesures sur le revenu issu du transfert a fait ressortir que toutes les régions ont été affectées négativement pendant le pic de la COVID19, à l’exception de la Région de Niamey. Les transferts moyens mensuels actuels ont été impacté dans toutes les Régions sauf la Région de Tahoua.
Quel que soit le secteur, plus de 80% des enquêtés ont déclaré que leur accès à la nourriture a été impacté par les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la COVID-19. Selon les Régions, tous les secteurs sont impactés dans une proportion variant entre 56,8% à Tahoua et 97,6%, à DOSSO pour le secteur formel et entre 73,4 % à Tahoua et 98,8% ; à DIFFA pour le secteur informel.
Ce qui montre que Tahoua a été la moins impactée du point de vue de l’accès à la nourriture. Les principaux facteurs ayant limite l’accès des enquêtées à la nourriture sont : l’augmentation des prix des denrées alimentaires et la faible disponibilité des produits sur le marché. Selon les Régions, la proportion des enquêtés qui ont déclaré l’augmentation des prix des denrées alimentaires comme facteur limitant de l’accès à la nourriture varie de 30% à Tillabéry à 40,5% à DOSSO.
Concernant la faible disponibilité des produits sur le marché comme facteur limitant, cette proportion varie de 15,20% à Tillabéry à 29,5% à Diffa.
Les principaux facteurs ayant limité la production agropastorale des enquêtés sont la limitation de transhumance (37,9%) du fait de la fermeture des frontières, la réduction des superficies emblavées (36,4%) en raison du blocage des exodants dans la zone d’accueil, et limitation d’accès aux intrants du fait de la limitation des trafics.
Dans l’ensemble, 26% des enquêtés du secteur formel ont déclaré que leur production a été impactée par les mesures de lutte contre la COVID-19, contre 19 du secteur informel. Selon les Région, Zinder et Dosso sont les plus impactes avec respectivement (38,3 ; 38,1) pour le secteur formel et (37,0 ; 36,4) pour le secteur informel. Les principales stratégies d’adaptation mises en œuvre par les populations pour faire face aux mesures cotre la COVID-19 sont l’utilisation de l’épargne (25,6 des enquêtés) et le recours à l’emprunt (21,7) au niveau du secteur formel. Dans le secteur informel, ces proportions sont respectivement de 24,5 et 20,1.
Les principales formes d’assistance humanitaire pour le secteur formel sont la réduction des factures (42,6%) , la vente des céréales a prix modéré (13,9%) et la distribution gratuite ciblée (12,7%) et assistance aux femme enceinte (5,2%).
Les résultats de l’enquête montre que près de la moitié (49,7%) des enquêtés du secteur informel ont bénéficié des mesure sociale telles que la réduction des frais d paiement de la facture suivie de la vente des céréales à prix modéré (11%) et la distribution gratuite (7%).
Les trois principaux chocs qui ont impactés les activités du secteur formel sont la baisse des revenus (23,9% des enquêtés), l’augmentation des prix des denrées alimentaires (21,5%), l’augmentation des prix du transport (1,25%) et dans le secteur informel avec respectivement 25,8%, 20,9% et 14,5%.
Article écrit et publié dans le cadre du projet Covid-19 Response in Africa : Together For Reliable Information mis en œuvre par un consortium composé de Free Press Unlimited, ARTICLE 19, Deutsche Welle Akademie, Fondation Hirondelle, International Media Support, Reporters Sans Frontières, UNESCO et financé par @EUPartnerships (European Commission’s Department for International Partnerships).
Bachir Manzo