Que retenir de la visite du Vice-président de la Banque Mondiale au Niger ?

0
997
Ousmane Diagana, Vice-président de la Banque Mondiale.

En visite au Niger, le vice-président de la Banque Mondiale, Ousmane Diagana, a animé le mercredi 02 juin 2021, une conférence de presse au Centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey. Plusieurs questions ont été abordées au cours de la conférence, notamment l’impact de la pandémie de Covid-19 au Niger, l’autonomisation des femmes et des filles ainsi que la contribution de la Banque Mondiale au programme Kandadji.

En tant que partenaire du Niger, la Banque Mondiale veille à ce que ses interventions soient rimées aux priorités stratégiques du Pays, selon son vice-président qui relève, à l’issue de ses échanges avec les plus hautes autorités, des « points de convergence » entre les réalisations que coordonne déjà l’institution et celles futures. « Les échanges que nous avons eu nous ont permis d’avoir des points de convergence extrêmement importants entre ce que nous faisons déjà au Niger depuis quelques années et aussi ce que nous envisageons de faire dans la région de l’Afrique de l’Ouest pour laquelle nous avons préparé un cadre stratégique que nous voulons mettre en œuvre pour les années à venir », a affirmé monsieur Diagana.

Des priorités qui motivent la visite

Ousmane Diagana a présenté à la presse l’objet de sa visite au Niger, orienté sur quatre priorités qui, selon lui, émergent de part et d’autre. Il s’agit des questions structurelles pour renforcer la gouvernance, solidifier ou améliorer les institutions ; de la nécessité de soutenir les investissements et les reformes qui permettent que les cadres de politiques publiques définis par les Etats, et les investissements qui se mettent en place unifiés servent à créer des emplois pour la population dans son ensemble, et en particulier, les jeunes et les femmes. Il s’agit également du renforcement du capital humain, notamment sur les questions de l’éducation et de la santé ; et enfin, de l’importance d’avoir un système résiliant qui peut faire face aux chocs, y compris les chocs exogènes qui sont fréquents au Niger compte tenu de sa position géographique.

Des grands projets et des défis

Le vice-président de la Banque Mondiale a assuré que l’institution a beaucoup de programmes au Niger. « Pratiquement, notre portefeuille au Niger est, en termes de volume, l’un des portefeuilles les plus importants que nous avons par pays, au niveau de l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale », a-t-il évoqué, avant de préciser qu’il atteint presque trois (3) milliards de dollars. « Ce portefeuille représente aujourd’hui 50% de tous les engagements que nous avons eus au Niger depuis 1964 quand on a financé le premier projet au Niger », a ajouté Ousmane Diagana, qui a également indiqué que depuis lors, la Banque Mondiale a mis un peu plus de 6 milliards de dollars au Niger.

Par ailleurs, Ousmane Diagana, a fait savoir qu’en dehors des progrès qui ont été accomplis, des défis significatifs aussi restent à relever. En perspective, c’est donc autour de ces défis que la Banque Mondiale va travailler avec le gouvernement, selon son vice-président, pour renforcer le partenariat et faire en sorte que ce partenariat puisse avoir un impact beaucoup plus visible « pour aider le Niger à faire davantage des progrès sur le chemin de la prospérité partagée et de la réduction de la pauvreté ».

Des perspectives contre la Covid-19

La question de la pandémie de Covid-19 a été au cœur de la conférence de presse du Vice-président de la Banque Mondiale.  « L’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie a été très fort », a indiqué Ousmane Diagana avant de passer la parole à Soukeyna Kane, Directrice des Opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, la Guinée, le Niger et le Tchad. Elle a indiqué, pour sa part, que dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, la Banque Mondiale mise, pour le Niger en particulier, sur trois axes à savoir : sauver des vies ; sauver des moyens de subsistance ; et aussi préparer un avenir plus résiliant.  

Présidium de la Conférence de presse de la Banque Mondiale à Niamey

En détail, sauver des vies à travers les projets santé qui, selon elle, dès le début de la pandémie, ont permis d’aider le gouvernement à acquérir des moyens de protection, des équipements ; mais également à renforcer les systèmes de santé actuels. « Aujourd’hui, nous avons un projet de 35 millions pour aider le gouvernement dans le cadre de l’initiative COVAX, mais également des financements additionnels pour avoir accès au vaccin », a-t-elle affirmé.

En ce qui concerne « sauver des moyens de subsistance », la Banque Mondiale réalise que la pandémie de Covid-19, même si son impact sanitaire a été limité, a eu un impact significatif sur la pauvreté et sur la croissance économique. « Le nombre de pauvres, du fait de la pandémie, a augmenté de 400.000 au niveau du Niger », a révélé Mme Soukeyna Kane qui dit constater la même chose dans les autres pays du Sahel, notamment au Burkina, au Tchad et au Mali.

A cet égard, selon elle, il est crucial de sauvegarder les  moyens de subsistance pour faire face à cet accroissement de la pauvreté, à travers des « projets de protection sociale adaptative » pour permettre à cette population, qui était déjà vulnérable avant la pandémie, de faire face à ses chocs. La Directrice des Opérations a, en outre, signifié que la Banque Mondiale va continuer à aider le gouvernement à avoir une transformation de son économie. Et cela se fait évidemment à travers des révolutions que ce soit la révolution digitale ou révolution énergétique.

Autonomisation de la femme

Selon son vice-président, la Banque Mondiale a des programmes spécifiques dédiés aux femmes dans le cadre de leur autonomisation. Pour la représentante résidente de la Banque Mondiale au Niger, Joelle Dehasse, dans tous les projets que la Banque Mondiale finance, la participation de la femme est de voir comment chaque investissement et chaque reforme peut améliorer la parité.

Dans le cadre du partenariat avec le Niger, la Banque Mondiale a des projets phares pour l’autonomisation de la femme. « Nous avons le projet de l’autonomisation de la femme et le dividende démographique, un projet phare, qui est focalisé exclusivement sur le renforcement de l’éducation des femmes, l’alphabétisation, la sensibilisation des femmes et des hommes sur les questions de santé et des compétences de vie et qui renforce aussi l’accès aux services de santé reproductive mais aussi au renforcement des capacités pour créer des activités génératrices de revenus », a-t-elle cité en guise d’exemple.

Le barrage de Kandadji, une réalité

Répondant à la question sur la contribution de la Banque Mondiale au programme Kandadji, Ousmane Diagana a affirmé que « le barrage de Kandagi est une réalité. Ce n’est pas un mythe ».  Il a souligné qu’il a été sur le terrain et a constaté que les travaux avancent bien. Mais, indique-t-il, « ils ont été retardés à cause de la problématique sécuritaire que cette zone du Niger connait, mais aussi récemment à cause de l’impact de la Covid-19 ». « Pour la Banque Mondiale, ce programme est un programme à la fois de développement local et également un programme de contribution au développement économique national du Niger », a affirmé le vice-président de l’institution.

La Banque Mondiale a été au début du programme de Kandadji, à travers les études, rappelle-t-il, et reste au cœur de sa mise en œuvre à travers les financements qu’elle apporte. « Le financement intégral du programme tel qu’il a été estimé à ce jour, c’est environ 1,5 milliards de dollars. La Banque Mondiale apporte un peu plus de 25% de ce projet », a indiqué monsieur Diagana.

Aliou Maiga, Directeur Régional Afrique de l’Ouest et du Centre de la Société Financière Internationale

Dans son intervention, Aliou Maiga, Directeur Régional Afrique de l’Ouest et du Centre de la Société Financière Internationale (IFC), a annoncé que le programme Kandadji sera financé de façon publique mais dans la gestion de l’opération que la banque Mondiale pense déjà à associer le secteur privé dans l’opération et la gestion du barrage. Il note que le barrage envisage de créer 45.000 hectares de périmètres irrigués à la fin.

« On (Ndlr – IFC) va travailler de façon très rapprochée avec la Banque Mondiale et le gouvernement pour que le secteur privé puisse jouer un rôle très important dans le barrage de Kandadji », a promis Aliou Maiga qui souligne que les activités de l’IFC seront focalisées sur le développement des chaines de valeur, la transformation locale et le développement des PME.

Notons que le Vice-président de la Banque Mondiale a jugé « très bon » le timing de sa visite au Niger surtout, dit-il, avec le programme de développement économique et social des nouvelles autorités qu’il trouve bien ficelé. A préciser que cette visite de monsieur Diagana au Niger, marque la fin de sa tournée entamée depuis le 25 mai dernier dans la région du Sahel, qui est d’ailleurs son premier voyage officiel depuis sa prise de fonction en juillet 2020. La tournée a principalement concerné le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Des pays qui font face à une situation sécuritaire particulière.